Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/11/2014

La lumière des étoiles mortes, John Banville

 

CVT_LUMIERE-DES-ETOILES-MORTES_7440.jpeg

 

 J'ai acheté ce roman sans connaître son auteur après avoir eu un coup de coeur pour son titre poétique, pour la quatrième couverture et pour une citation du roman parce qu'elle touche une des questions existentielles qui me bouleverse :

" Où tout cela va-t-il donc quand nous mourons, tout ce que nous avons été ? "

Ce roman plonge le lecteur dans deux époques bien distinctes de la vie du narrateur, Alex, qui part à la recherche du temps perdu et se remémore avec certaines difficultés l'été qu'il passa avec son premier grand amour: la mère de son meilleur ami âgée de 35 ans alors qu'il n'en avait que 15. L'auteur nous plonge dans les mécanismes et les méandres de la mémoire qui nous joue des tours, brouille les cartes, nous fait oublier le plus important ou encore ne fixe que les détails insignifiants.

Petit à petit, les souvenirs laissent la place au présent du narrateur, ancien comédien de théâtre, qui expérimente les plateaux de cinéma et qui traîne derrière lui le fardeau de la disparition de sa fille unique, Cass, morte dix ans plus tôt. Puis, le roman trouve un équilibre entre évocation du passé et récit du présent.

La fin du roman est sublime, poignante et laisse un petit pincement au coeur du lecteur.

Les réflexions de l'auteur sur les souvenirs, sur le passé parfois plus vivant que le présent et sur la mort ont su véritablement me toucher et trouveront sûrement un écho chez tous les lecteurs.

L'écriture de John Banville est sensible, délicate et poétique. Tout a su me toucher dans ce roman : les personnages, l'intrigue, les thèmes et l'écriture.

La lumière des étoiles mortes est un très beau roman que je ne risque pas d'oublier et qui ouvre la voie à de prochaines lectures de cet auteur !

"En quel royaume éternel, dois-je croire, lequel dois-je choisir? Aucun, puisque tous mes morts sont tous vivants dans mon coeur, moi pour qui le passé est un présent plus lumineux et éternel; vivants pour moi et néanmoins disparus, sinon dans le fragile au-delà de ces mots."

Roman lu en lecture commune avec Claire !

Fanny

 

15/11/2014

Je voulais te dire, Louisa Young

 

 

je-voulais-te-dire-plat1.jpg

Je remercie tout d'abord Madame Liebow et les éditions Baker Street de m'avoir envoyé ce roman et de m'avoir ainsi fait découvrir cette histoire.

Tout débute par pur hasard lorsque Riley reçoit une boule de neige en plein visage dans Kensington garden. Cette boule de neige a été lancée par le cousin de Nadine Waveney et permet la rencontre entre deux enfants qui ne se quitteront plus. Riley et Nadine viennent de deux milieux que tout oppose: il appartient à la classe ouvrière alors qu'elle est bourgeoise. Pourtant, Riley intègre petit à petit le monde de Nadine en travaillant pour Sir Alfred, un peintre ami de la famille Waveney et développe ainsi des ambitions inhabituelles pour sa classe sociale.

Nadine et Riley deviennent de jeunes gens et leur amitié enfantine se transforme en amour impossible. La famille de Nadine, qui s'était attachée à Riley lorsqu'il était enfant, ne voit plus d'un très bon oeil le jeune homme qu'il est devenu et s'oppose à l'idée d'une quelconque relation amoureuse. Lorsque la guerre est déclarée, Riley, comme tous les autres, est persuadé qu'elle sera courte et il s'engage pour toute la durée de la guerre. Il semble prendre cette décision déterminante sur un coup de tête car il considère son amour pour Nadine comme impossible et il ne désire pas l'ennuyer avec ses sentiments.

La guerre engendre une multitude de rencontres et le lecteur découvre alors de nouveaux personnages comme Peter le supérieur de Riley dans les tranchées, Julia son épouse vivant à l'arrière et cherchant inlassablement à se perfectionner physiquement pour le retour de son mari mais aussi Rose, cousine de Peter, qui est une infirmière courageuse et n'espérant plus se marier.

Les destins de ces deux couples et de Rose ne cesseront alors plus de se croiser pendant la guerre mais aussi après.

DSCN3112.JPGJe découvre Je voulais te dire après avoir lu le second tome, Ravage, mais je retrouve avec joie les personnages. J'ai passé un agréable moment avec ce livre et j'ai toujours aimé suivre le destin de ses personnages même si je connaissais par avance ce qu'ils allaient devenir.

Louisa Young aborde d'une manière originale la première guerre mondiale en s'intéressant au travail de la médecine et aux progrès effectués pour "rendre" un visage aux gueules cassées. J'ai particulièrement aimé les moments où Riley réapprend à vivre en communauté et à montrer son visage.

J'ai aussi beaucoup aimé le traitement de la condition féminine en temps de guerre. Les trois personnages féminins nous apportent trois points de vue différents sur la guerre et sur la place des femmes. Elles considèrent toutes les trois qu'il est nécessaire de s'engager et d'aider les blessés. Julia, qui n'en est pas capable, apporte un regard intéressant sur la société du début du XXe siècle et elle en est une des premières victimes. Elevée pour être belle et pour rendre heureux son mari, elle n'est plus rien lorsque son mari n'est plus là et qu'elle ne peut plus être admirée par d'autres hommes. Julia devient alors le symbole des femmes qui n'ont pas réussi à faire aussi ce pas de géant que la société a effectué en temps de guerre en donnant une place de premier choix aux femmes devenues chauffeuses d'ambulance, infirmières, travailleuses dans les usines ou encore agricultrices.

J'ai aimé découvrir à la fin du roman que certains personnages avaient existé et que Louisa Young a puisé son inspiration dans sa propre famille. Et enfin,étant une grande admiratrice et lectrice de James Matthew Barrie, le père littéraire de Peter Pan, j'ai été heureuse de retrouver l'auteur devenu personnage sous la plume de Louisa Young.

Fanny 

Roman lu dans le cadre du lecture commune avec Claire, Fanny et Isabelle et du Challenge Première guerre mondiale organisée par Claire !  c43t.jpg3257094219.jpg  

01/09/2014

Un intérêt particulier pour les morts, Ann Granger

9782264058737.jpg

 

C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé Lizzie Martin pour une nouvelle enquête et que j'ai corrigé mon erreur puisque j'avais lu le second volume avec le premier !

 Après le décès de son père, Lizzie se retrouve dans la même situation que toutes les jeunes filles seules et désargentées de l'époque: elle doit se trouver un "poste". C'est ainsi qu'elle débarque à Londres pour la première fois afin d'entrer au service d'une tante méconnue en tant que demoiselle de compagnie. Cependant son entrée dans cette maison ne se fait sans mystère puisque la jeune fille qui occupait ce poste précédemment a disparu dans d'étranges circonstances. A-t-elle fugué avec un soupirant? Lui est-il arrivé malheur?

Alors qu'un corps est retrouvé dans les débris de taudis démolis permettant la construction de la gare St Pancras, Lizzie retrouve une ancienne connaissance: l'ancien enfant de mineur de son village devenu inspecteur Benjamin Ross. Notre héroïne débute alors une enquête en catimini et à ses risques et périls pour aider l'inspecteur Ross.

J'ai retrouvé tous les ingrédients que j'avais appréciés dans le premier volume. J'aime toujours cette double narration masculine et féminine. Le Londres des chantier du XIXe siècle est très bien rendu et les conventions et règles de l'époque parcourent tout le roman. L'héroïne est très attachante et l'intrigue est bien mené. Le meurtrier quant à lui reste masqué pour le lecteur qui a besoin des lumières de Lizzie pour le lui révéler !

C'est une série très plaisante à lire et j'attends la troisième aventure du duo avec impatience!

 

Fanny

 

Lu dans le cadre du Challenge XIXe siècle chez Fanny !2071237519.png

24/08/2014

Karen Blixen, Judith Thurman

9782221094242FS.gif

 

La Ferme Africaine fait partie de mes livres préférés et comme je suis partie quelques jours au Danemark cet été, j'ai voulu me plonger dans une biographie très riche ( 800 pages!) sur Karen Blixen. Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur danoise du Xxe siècle, sa vie a été portée à l'écran par Sydney Pollack dans Out of Africa. La superbe Meryl Streep prête ses traits à Karen Blixen.

Les premières pages de cette biographie reviennent sur la vie des parents de l'auteur et sur leurs antagonismes: sa mère était une bourgeoise élevée pour être une jeune fille parfaite alors que son père aristocrate était très libre, il a parcouru le monde et vécu avec des Indiens.

Ces premières pages sont parfois un peu longues mais elles sont toutefois intéressantes et importantes pour comprendre les paradoxes de la personnalité de Karen Blixen.

Le lecteur vit avec Karen Blixen son enfance, le suicide de son père et il la suit jeune fille à Paris alors qu'elle étudie l'art. Ayant une vingtaine d'années et ne trouvant pas d'époux, Karen Blixen étouffe dans son pays et cherche par tous les moyens à le quitter. Ce moyen se présente alors sous le visage de son cousin suédois Bror Blixen qu'elle épouse à condition qu'ils partent ensemble pour un pays lointain. Ce sera l'Afrique. Ils achètent une ferme au Kenya, plantent du café et Karen Blixen tombe alors amoureuse de ce pays et de ses habitants. Alors que son époux prend de multiples maîtresses et ne l'aide pas à la ferme, elle tombe sous le charme de Denys Finch Hatton, un anglais qui organise des safaris.

La passion de Karen Blixen pour l'Afrique durera toute sa vie alors même qu'elle aura fait faillite, qu'elle aura perdu sa ferme et qu'elle sera forcée de rentrer au Danemark. Elle écrira alors des contes mais aussi La Ferme Africaine qui était en lice pour recevoir le prix Nobel de littérature.

Le film Out of Africa s'arrêtant à son retour d'Afrique, je ne raconterai pas le reste de sa vie au Danemark pour ne pas tout vous révéler.

 

Pour conclure cette biographie sur Karen Blixen est très plaisante à lire. Judith Thurman réussit à transmettre de manière passionnante la formidable et très riche vie de Karen Blixen.

 Fanny

4614_photo-1-.jpg

09/08/2014

Les Roses de Somerset, Leila Meacham

Les-roses-de-Somerset_large.jpg

 

Le roman s'ouvre sur une dispute entre Mary Toliver, l'héroïne âgée alors de quatre-vingts ans et son notaire. Mary, malade et connaissant son espérance de vie limitée, décide contre toutes attentes de déshériter sa nièce Rachel de sa plantation de coton alors qu'elle y a consacré sa vie. Rachel, véritable double de Mary, est passionnée par la plantation et toute désignée pour reprendre la suite. Le choix de l'héroïne est donc totalement incompréhensible et elle se trouve confrontée aux supplications du notaire qui lui demande de revoir sa décision. Mary, inflexible, désire expliquer son choix à sa nièce avant que ce dernier soit rendu public mais elle meurt peu avant. Pourquoi Mary Toliver, viscéralement attachée à la plantation de son grand-père et de son père décide-t-elle au dernier moment de déshériter sa nièce au profit d'un de ses vieux amis? Le roman est une réponse à cette question. 

Le lecteur remonte alors dans le temps et dans les souvenirs de Mary pour comprendre le choix de l'héroïne. La vie de Mary nous est révélée petit à petit et contient des secrets, des non-dits, des amours contrariées, des sacrifices, des incompréhensions entre les personnages et une mystérieuse malédiction. L'histoire de la famille Toliver se répéte à l'infini et seule l'héroïne semble être capable d'arrêter ces schémas familiaux qui sont devenus des cercles vicieux.

Alors que Mary n'est qu'une jeune fille, son père meurt et lui lègue toute la plantation en excluant de l'héritage son épouse et son fils. L'attachement viscéral de Mary et son combat permanent pour conserver sa plantation de conton débute par des jalousies et disputes familiales. Elle sera accompagnée dans cette entreprise par deux figures masculines qui lui seront fidèles chacun à sa manière durant toute sa vie: Percy Warwick patron de scieries et Ollie Dumont qui possède de grands magasins en ville. Les trois amis sont liés par une histoire commune: ils sont des descendants des familles qui s'opposèrent durant la guerre des Roses en Angleterre et qui finalement devinrent alliés lors de leur émigration en Amérique. Ils perpétuèrent cependant la tradition de cultiver des roses rouges et blanches qu'ils s'échangent pour demander pardon (la rose rouge) et pour accorder un pardon (la rose blanche). Ces trois personnages sont très attachants et j'ai particulièrement été touchée par la relation des fils d'Ollie et de Percy.

J'ai particulièrement aimé la narration à trois voix qui nous fait entendre l'histoire de Mary mais aussi de ces trois familles tour à tour racontée par l'héroïne, puis par Percy et enfin par Rachel. J'ai également aimé le traitement du temps et l'étendu de l'histoire sur plusieurs générations qui nous permet de parcourir de grands événements historiques comme la seconde guerre mondiale. C'est un roman prenant qui fait voyager le lecteur dans le temps et dans le sud des Etats-Unis en compagnie de personnages touchants.

 

Fanny

29/07/2014

La curiosité est un péché mortel, Ann Granger

ob_29cfa6_la-curiosite-est-un-peche-mortel-43090.jpg

 

Lizzie Martin, qui ne supporte plus sa tante et que sa tante veut envoyer au loin, se rend à New Forest pour tenir compagnie à une jeune femme: Lucy. Elle a perdu son bébé et clame à qui veut l'entendre qu'il n'est pas mort et qu'on le lui a enlevé. Lucy vit dans un village isolé avec ses deux tantes vieilles filles. Mais les choses tournent mal lorsqu'un personnage inquiétant, un chasseur de rat, est retrouvé assassiné dans le domaine des deux vieilles filles. Alors qu'elle a faussé compagnie à Lizzie, Lucy est assise e à côté du mort lorsqu'il est retrouvé, les mains tachées de sang et les soupçons se portent bien facilement sur elle.... Lizzie comprend que la jeune fille, à laquelle elle s'est attachée et qu'elle tente de soutenir dans sa solitude, va avoir besoin d'une enquête solide pour ne pas être accusée du meurtre. Ross Ben, de Scotland Yard, entre alors en jeu pour mener l'enquête avec l'aide et le sens de l'observation de Lizzie.

J'ai lu beaucoup de romans policiers lorsque j'étais au collège, particulièrement des Agatha Christie, mais je n'en lis que rarement aujourd'hui. Ann Granger et Lizzie Martin vont me faire changer mes habitudes! J'ai été emballée par ce roman! Que ce soit l'intrigue, les personnages ou encore la description et l'ambiance du XIXe siècle, tout m'a plu dans ce roman. J'ai aussi beaucoup aimé la double narration qui nous fait plonger dans l'aventure du côté de Lizzie mais aussi de Ben Ross. Cette narration permet de plus à l'auteur de changer de tonalité selon le narrateur et l'humour est souvent présent lorsque le point de vue de Ben Ross est adopté.

 

Ce second volume des aventures de Lizzie est donc à dévorer au plus vite ! (et je vais de mon côté corriger mon erreur et lire le premier volume! )

Fanny

Lu dans le cadre du challenge du XIXe siècle chez Fanny   2071237519.png

24/07/2014

Chrysis, Jim Fergus

 

chrysis3.png

 

A l’origine de ce roman, il y a une démarche très personnelle de l’auteur. Jim Fergus a enquêté sur Chrysis Jungbluth, peintre ayant réalisé le tableau Orgie, pour lequel sa compagne a eu un véritable coup de cœur dans les derniers mois de sa vie et qu’il lui avait offert. L’auteur est ainsi parti sur les traces de cette artiste pour nous en compter la jeunesse de façon romancée.

Pour en venir à l’histoire de ce tableau, il faut découvrir les deux héros du roman dont nous suivons d’abord les destins respectifs. Bogart Lambert, ou Bogey, est un jeune cow-boy doué en boxe qui décide à l’âge de 17 ans, pendant la Grande Guerre, de quitter le ranch familial dans le Colorado pour rejoindre les rangs de la Légion étrangère afin de combattre pour la France, pays de ses ancêtres. Nous suivons ainsi Bogey et son cheval Crazy Horse lors de leur périple pour rejoindre la France. Sur le front, le cow-boy, toujours accompagné de sa fidèle monture, devient courrier et tous deux se font remarquer pour leur talent à se fondre entre les tirs pour porter les messages entre les différentes lignes de combat.

A l’arrière du front, Chrysis, encore petite fille pendant la guerre, entend parler de cet atypique soldat cow-boy par son père, ancien colonel, qui lui en conte les aventures. C’est finalement plusieurs années plus tard, au hasard des cafés de Montmartre, que les chemins de Bogey et Chrysis vont finir par se croiser pour se lier... Chrysis est alors une jeune femme moderne et indépendante. Passionnée de peinture, elle est particulièrement intéressée par le quartier de Montmartre et l’ambiance libre qui y règne dans les années 1920. Nous y suivons son évolution en tant qu’artiste ainsi que ses différentes découvertes et expériences, qui vont la mener à peindre le fameux tableau Orgie….

J’ai tout de suite été interpellée par l’entrée en matière du roman et touchée par la démarche de l’auteur. Si les destins de Chrysis et Bogey sont ici romancés, j’ai tout de même été captivée par le récit jusqu’au bout. Les deux héros m’ont beaucoup plu car ils sont très différents. J’ai été touchée par la réserve de Bogey, sa relation avec son cheval, tout comme j’ai aimé l’exubérance de Chrysis et sa façon propre de se libérer de son éducation stricte pour croquer la vie, ce qui en fait une jeune femme fascinante. A travers la rencontre des deux personnages ce sont aussi deux ambiances qui sont mises en parallèle ; celle du Montmartre des années 20 et celle de la guerre , ce qui fait la richesse et l’originalité du récit.

C’est sur les bons conseils de Fanny que j’ai lu pour la première fois Jim Fergus, et je compte bien approfondir ma découverte de la bibliographie de cet auteur dont la plume m’a séduite!

 

Emilie