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16/07/2021

La Vérité tue, Agatha Christie et la famille, Sonia Feertchak

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Dans cet essai Sonia Feertchak dresse un constat sans appel : sur les 66 romans à énigmes écrits par la reine du crime, plus de 50 mettent en scène des meurtres familiaux. A partir de cela, elle relit Agatha Christie avec un tout autre regard. Loin de l'image un peu vieillotte et parfois même réactionnaire que certains lecteurs se font à tort des intrigues de la romancière, Sonia Feertchak met à jour toute la modernité d'Agatha Christie. Le grand sujet qu'elle n'a cessé d'explorer c'est avant tout la famille et les drames qui y prennent naissance, grandissent puis la pourrissent peu à peu. Humiliation, jalousie, ressentiment, sentiments incestueux, haine larvée : le mal est partout, il est banal et se trouve surtout à l'endroit même où l'on se penserait le plus en sécurité. Les vérités familiales sont passées sous silence, tour à tour par un parent tyrannique, par pitié pour l'un de ses membres plus fragile, par honte et préjugés et mènent finalement à faire taire ceux qui veulent parler haut et fort. La famille ne veut pas les écouter et les élimine. Le corps retrouvé est alors l'élément qui déclenche la catharsis : le mort est bien une preuve que le mal gangrène la famille et qu'il faut l'en faire sortir. La vérité doit être dite pour sauver ceux qui restent.

Cette relecture des oeuvres d'Agatha Christie est en tout point passionnante : j'ai adoré cet essai qui nous permet de redécouvrir ses intrigues et de percevoir sa modernité psychologique. Sonia Feertchak parsème aussi ses analyses de rappels biographiques des propres relations familiales de la romancière pour éclairer son sujet. Enfin, l'essayiste s'inquiète aussi du plaisir de lecture et, dès l'avant-propos, signale à son lecteur les chapitres qui pourraient lui révéler la clé de certaines énigmes.

La Vérité tue, Agatha Christie et la famille est un essai passionnant pour les petits et grands lecteurs de la reine du crime. 

"Toute la puissance des romans christiens et leur indéfectible succès tiennent dans cette catharsis qui commence dès la découverte du cadavre : le corps met au jour les rapports de force cachés qui existaient au sein de la maisonnée. La vérité cesse d'être tue. Agatha Christie fait changer de camp la culpabilité."

 

Je remercie Babelio et les éditions Philosophie magazine

 

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24/06/2021

La bassine, Armelle Modéré et Amélie Videlo

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Par cette forte chaleur, Petitou n'a qu'une envie : se baigner dans la bassine de sa maman. Déterminé, il est prêt à remplir sa bassine d'eau fraîche en multipliant les allers-retours entre le robinet et sa bassine. Mais ce bain tant souhaité ne semble pas dépendre de ses seuls efforts. A chaque aller-retour, Petitou découvre de nouveaux animaux qui semblent bien intéressés par sa bassine. Une famille de hérissons, un lézard, un chat et bien d'autres convoitent l'eau fraîche. L'amusement et la surprise laissent place peu à peu à la déception et à l'inquiétude. Petitou arrivera-t-il enfin à se prélasser dans sa bassine ? 

J'ai tout aimé dans La bassine. Armelle Modéré a écrit une histoire pleine de charme, de tendresse et d'humour. J'ai adoré la surprise scénaristique que l'autrice réserve à ses jeunes lecteurs à la fin de l'album. Les tout-petits feront l'apprentissage de la solidarité mais aussi de la patience et de la résilience grâce aux aventures de Petitou. Les illustrations d'Amélie Videlo sont pleines de poésie et les couleurs sont un régal pour les yeux des petits et des grands lecteurs. La beauté visuelle débute dès l'ouverture de l'album avec l'intérieur de la couverture cartonnée fleuri et coloré. Cet album ravira les petits et les grands cet été.

Je remercie vivement Babelio et les éditions Mango Jeunesse.

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09/04/2021

Les choses de la mort, Celia Fremlin

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Imogen est veuve depuis deux mois. Ivor, ancien Don Juan, s'est tué dans un accident de voiture et l'a laissée au milieu d'une famille qui n'est pas la sienne mais qui pourtant ne la quitte plus : Robin, le fils et Dot, la fille de son époux s'installent chez elle. Les fêtes de fin d'année s'approchent, ils ne se décident pas à s'en aller au grand désespoir de leur belle-mère.

Alors qu'Imogen tente de retrouver une vie sociale et participe à une réception organisée par une connaissance, un jeune homme s'approche d'elle et l'accuse d'avoir assassiné son époux. Il affirme posséder des preuves. Imogen sait bien qu'elle n'a rien à se reprocher et pourtant, les accusations de cet inconnu la troublent. Mais tout à coup, il se passe des choses bien curieuses chez elle. Quelqu'un est entré dans le bureau d'Ivor, ses papiers sont en désordre. Un verre de son whiskey préféré traîne dans la pièce. C'est comme si Ivor n'avait jamais quitté la maison .... 

Je ne connaissais pas du tout Celia Fremlin. L'ambiance anglaise d'un roman policier un peu vintage sans aucune violence et la potentielle ressemblance avec Agatha Christie ont suffi à me convaincre de me lancer et je n'ai pas du tout regretté. Si le roman n'a pas été un coup de coeur, j'ai apprécié cette lecture entraînante et agréable. Le suspense s'installe peu à peu et le lecteur veut comprendre, tout comme Imogen, ce qu'il s'est réellement passé et tourne les pages à toute vitesse.

 

Je remercie Babelio et les Editions du Masque.

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04/03/2021

Rimbaud Dernier voyage, Alain Vircondelet

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Rimbaud Dernier voyage est le récit des derniers jours du poète. Malade, l'homme aux semelles de vent quitte Aden avec l'espoir fou d'y revenir très vite lorsque les médecins marseillais l'auront soigné. Le voyage est un périple tant la douleur est grande et le désespoir de quitter l'Afrique omniprésent. A Marseille, l'amputation de la jambe droite devient inévitable. Roche, la ferme familiale et les Ardennes, lui semblent le seul refuge pour soigner ses douleurs et ses désillusions. Isabelle, sa soeur célibataire et bigote, l'entoure de soins et d'attentions. Mais Arthur n'abandonne pas son rêve de soleil et de chaleur suffocante : il retourne à Marseille, escorté par sa soeur, retient un billet de bateau malgré sa peur de mourir et le mal qui le ronge un peu plus chaque jour. Isabelle sera le seul témoin de ses derniers jours, créant le mythe d'un Rimbaud repenti sur son lit de mort et retrouvant in extremis la foi. 

Alain Vircondelet retrace les derniers jours du poète d'une plume délicieuse et poétique. Rimbaud Dernier voyage se présente comme un "récit" et non comme une biographie d'une période précise de la vie du poète tout en étant très documenté. Les narrateurs et pronoms personnels sujets virevoltent d'une page à une autre : les premières et deuxièmes personnes du singulier nous laissent entendre tour à tour les voix d'Arthur, du narrateur et d'Isabelle. Certains vers sont insérés dans ce récit et nous font redécouvrir la plume du poète pour le plus grand plaisir du lecteur qui se laisse bercer par la mélodie.

 

" Je lui donnerai sa chance, moi, sa soeur, qui le connais mieux que quiconque, je ne laisserai pas les rapaces de la critique, ceux qui font la littérature et les postérités, l'empailler dans la posture qui les arrange, genre le marginal indomptable qui a tout connu, tout vu, tout fait. Le petit Satan qui a écrit en douce des vers géniaux et puis s'en est reparti dans le désert, pour qui pour quoi ? "

 

Je remercie Babelio et les éditions Ecriture pour cette découverte.

 

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10/02/2021

Mère et fils, Ivy Compton-Burnett

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La peu commode Miranda Hume reçoit Miss Burke devant le public familial pour juger de ses capacités à devenir sa nouvelle dame de compagnie. Toutes deux comprennent bien que l'accord est impossible. Miss Burke trouve finalement un emploi chez Emma Greatheart, la voisine de la famille Hume. Hester, femme sans le sou logée par amitié par Emma, doit quant à elle trouver un emploi de dame de compagnie. Elle postule chez les Hume et parvient à conquérir le cœur de l'acariâtre Miranda.  

Il n'en faut pas plus à Ivy Compton-Burnett pour planter les décors et l'intrigue de Mère et fils : deux maisons bourgeoises, une famille, une célibataire et deux dames de compagnies suffisent. Ce décor et la panoplie de personnages qui semblent réduits mais qui contiennent pourtant mille et une possibilités ne sont pas sans rappeler les intrigues de Jane Austen. Mais la ressemblance s'arrête là. 

Une comparaison d'Ivy Compton-Burnett avec Mauriac et les éditions 10/18, une valeur sûre selon moi, ont suffi à me donner envie de découvrir ce roman dont je n'avais jamais entendu parler. J'ai été tout d'abord décontenancée par ce roman écrit comme une longue pièce de théâtre : les dialogues composent l'ensemble de l'œuvre. La rapidité du rythme instaure une joute verbale incessante et acide entre les personnages mais donne parfois au lecteur l'impression de ne pas avoir accès à leur personnalité. La romancière anglaise décortique les nœuds familiaux et révèle les petites sournoiseries et malhonnêtetés de chacun. Les portes entrouvertes laissent s'échapper des secrets inavouables et de vieilles rancœurs qui transforment peu à peu la comédie en drame. Ce roman est une sucrerie empoisonnée : les piques lancées par l'autrice sont cruelles et le rire du lecteur s'apparente davantage à un ricanement. 

 

Je remercie vivement les Editions 10/18 et Babelio pour cette découverte !

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28/11/2020

Pirouette et Nymphéas, Loïc Jouannigot

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Les Passiflore se rendent à Giverny, chez la famille Blanche. La mère est une artiste désireuse d'installer un pont japonais au-dessus d'un plan d'eau parsemé de nymphéas pour pouvoir le peindre. Elle pourra compter sur l'aide d'Onésime Passiflore qui l'a fabriqué et qui vient le lui installer.

Les deux fils Blanche, Ajonc et Genêt attendent de leur côté la venue des petits Passiflore pour construire une cabane sur l'eau avec eux. Mais ils refusent de laisser participer Pirouette, la seule fille de la famille Passiflore... Elle prouvera alors que les filles sont bien plus héroïques que ces deux malotrus.

Les illustrations de Loïc Jouannigot plonge les lecteurs dans les lieux bien connus de Giverny : la cuisine jaune de Monet, l'atelier du peintre et son jardin. J'ai adoré retourné à Giverny grâce à cet album. Les illustrations et les couleurs sont magnifiques, ce sont de vraies œuvres d'art. L'adulte s'extasie, page après page, et les jeunes lecteurs aimeront chercher les petits détails dans chaque illustration et en particulier les petites souris qui suivent partout la famille Passiflore. 

Cet album sera un cadeau de Noël tout doux pour les petits.

 

Merci Babelio et les Editions Daniel Maghen.

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27/10/2020

Anne de Green Gables, Lucy Maud Montgomery

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Sur l'île-du-Prince-Édouard, Matthew et Marilla Cuthbert attendent l'arrivée d'un petit orphelin. Ils l'adopteront et l'enfant aidera le frère et la sœur vieillissant aux travaux de ferme. Mais rien ne se passe comme prévu et c'est une fillette au visage constellé de taches de rousseur et aux longs cheveux roux qui attend Matthew sur le quai de la gare. Cette orpheline c'est Anne Shirley, fille d'un instituteur et d'une institutrices emportés par la fièvre et le chagrin.
Déçus et septiques, les Cuthbert découvrent une fillette d'une grande sensibilité, pleine de vie et ne cessant jamais de bavarder. Les taiseux et pudiques Cuthbert sont décontenancés mais finalement, parce qu'elle bouleverse leur vie monotone et triste, ils acceptent d'adopter Anne.
Espiègle, l'orpheline enchaîne les bêtises, agace les voisins mais fascine les enfants et plus particulièrement Diana, l'âme sœur d'Anne.
La paisible vie quotidienne sur la petite île canadienne devient alors une grande aventure vécue par Anne, les Cuthbert et tous ceux qui rencontreront l'héroïne. Son imagination débridée, son enthousiasme et sa joie de vivre bouleversent la vie de tous. L'héroïne s'émerveille de la nature et des saisons, est prête à tout pour rester la première de sa classe malgré la concurrence de Gilbert, sauve un enfant, traverse un bois qu'elle s'imagine hanté, enchante la vie de Matthew et Marilla, crée un club d'histoires, se rêve brune et sans taches de rousseur... Et puis, la fillette devient une jeune fille. La route qu'elle pensait toute droite et bordée d'arbres en fleurs prend un tournant inattendu.

Anne de Green Gables est une délicieuse lecture. Suivre la fillette jusqu'à ses 16 ans dans ce premier volume fut une grande joie. Le charme du roman de Lucy Maud Montgomery tient non seulement à cette héroïne à l'intelligence si vive et à l'imagination débordante mais aussi à l'omniprésence de la nature, à la galerie des personnages secondaires et plus particulièrement à la coriace Marilla qui cache un grand coeur et au timide Matthew et à la plume si tendre et si mordante tout à la fois de l'auteur. J'ai ri, j'ai été touchée, j'ai été emportée par l'espoir en lisant Anne de Green Gables. Tout est infiniment doux dans ce roman. Et qu'un roman comme celui-ci fait du bien en ce moment !
L'impétueuse Jo March fut l'héroïne adorée de mon enfance mais je crois que si j'avais lu Anne de Green Gables étant fillette, la petite canadienne aurait peut être fait un peu d'ombre à l'indépendante américaine.
Et que dire du fabuleux travail de la maison d'édition Monsieur Toussaint Louverture ? La maison d'édition offre une nouvelle traduction aux lecteurs français. La couverture rigide et irisée, superbement illustrée, est vraiment très belle.
Ce Anne de Green Gables est à mettre entre toutes les mains et aux pieds de tous les sapins de Noël.

"Mais en vérité, Marilla, on ne peut pas rester triste très longtemps dans un monde aussi intéressant, vous ne croyez pas ?"

Je remercie vivement les Editions Monsieur Toussaint Louverture et Babelio.

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