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04/03/2021

Rimbaud Dernier voyage, Alain Vircondelet

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Rimbaud Dernier voyage est le récit des derniers jours du poète. Malade, l'homme aux semelles de vent quitte Aden avec l'espoir fou d'y revenir très vite lorsque les médecins marseillais l'auront soigné. Le voyage est un périple tant la douleur est grande et le désespoir de quitter l'Afrique omniprésent. A Marseille, l'amputation de la jambe droite devient inévitable. Roche, la ferme familiale et les Ardennes, lui semblent le seul refuge pour soigner ses douleurs et ses désillusions. Isabelle, sa soeur célibataire et bigote, l'entoure de soins et d'attentions. Mais Arthur n'abandonne pas son rêve de soleil et de chaleur suffocante : il retourne à Marseille, escorté par sa soeur, retient un billet de bateau malgré sa peur de mourir et le mal qui le ronge un peu plus chaque jour. Isabelle sera le seul témoin de ses derniers jours, créant le mythe d'un Rimbaud repenti sur son lit de mort et retrouvant in extremis la foi. 

Alain Vircondelet retrace les derniers jours du poète d'une plume délicieuse et poétique. Rimbaud Dernier voyage se présente comme un "récit" et non comme une biographie d'une période précise de la vie du poète tout en étant très documenté. Les narrateurs et pronoms personnels sujets virevoltent d'une page à une autre : les premières et deuxièmes personnes du singulier nous laissent entendre tour à tour les voix d'Arthur, du narrateur et d'Isabelle. Certains vers sont insérés dans ce récit et nous font redécouvrir la plume du poète pour le plus grand plaisir du lecteur qui se laisse bercer par la mélodie.

 

" Je lui donnerai sa chance, moi, sa soeur, qui le connais mieux que quiconque, je ne laisserai pas les rapaces de la critique, ceux qui font la littérature et les postérités, l'empailler dans la posture qui les arrange, genre le marginal indomptable qui a tout connu, tout vu, tout fait. Le petit Satan qui a écrit en douce des vers géniaux et puis s'en est reparti dans le désert, pour qui pour quoi ? "

 

Je remercie Babelio et les éditions Ecriture pour cette découverte.

 

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07/05/2017

La Lionne et Les Ombres d'un conteur

J'ai lu récemment une bande dessinée sur Andersen dont j'ai eu envie de vous parler. Je me suis souvenue, qu'après sa lecture l'an dernier, je n'avais pas fait de billet sur une bande dessinée consacrée à Karen Blixen que j'avais beaucoup aimée. Je vous propose deux bandes dessinées pour découvrir la vie de deux grands auteurs danois considérés comme des classiques.

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Je me suis littéralement jetée sur La Lionne l'an dernier lorsque j'ai appris l'existence de cette bande dessinée qui retrace la vie de Karen Blixen. Je ne cesse de le dire ici mais j'aime énormément l'oeuvre romanesque de cette auteur et sa vie aventurière en Afrique me fascine.

La Lionne fut un véritable coup de coeur. Le lecteur suit Karen Blixen depuis son enfance jusqu'à sa mort dans ce roman graphique très riche de presque 200 pages.

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Au début de La Lionne, Anne-Caroline Pandolfo met en scène "sept fées " qui se sont penchées sur le berceau de Karen Blixen pour lui attribuer ses dons de conteuse. Nietzsche, Shéhérazade, Shakespeare, le Diable, une cigogne, un lion et un guerrier Massaï la suivent tout au long de sa vie. Ils semblent presque devenir tour à tour son ombre. Comme dans une valse infernale, ces personnages apparaissent à Karen Blixen à certains moments de sa vie pour la protéger comme des anges gardiens ou l'influencer démoniaquement tels de mauvais diables. J'ai beaucoup aimé cet aspect fantastique et l'apparition de ces personnages tout au long de la vie de l'auteur.

Cette biographie dessinée est très bien documentée et scénarisée par Anne-Caroline Pandolfo. Les dessins de Terkel Risbjerg sont vaporeux et doux comme des aquarelles et laissent deviner la force et la sensibilité de Karen Blixen.

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Lorsque je suis tombée par hasard sur Andersen, les ombres d'un conteur j'ai reconnu immédiatement le coup de crayon de Nathalie Ferlut que j'avais déjà tant aimé dans Eve sur la balançoire. Les dessins de Nathalie Ferlut et mes souvenirs de lectures enfantines des contes d'Anderson m'ont suffi pour acheter sans hésiter cette bande dessinée. Cette biographie nous raconte la vie méconnue d'un grand auteur danois que l'on ne présente plus.

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Nathalie Ferlut retrace l'enfance malheureuse du petit Hans, orphelin d'un père qu'il aimait tant et frustré par une mère qui ne comprenait pas ses envies artistiques. On découvre son envie irrépressible de se faire une place au soleil par des oeuvres artistiques quelles qu'elles soient : le chant, la poésie, les romans, les pièces de théâtre et enfin les contes. Nathalie Ferlut nous présente un homme sensible passionné par les arts.

Tout comme pour Eve sur la balançoire, les dessins de Nathalie Ferlut sont colorés et magnifiques. J'ai particulièrement aimé les pages avec les dessins en ombres chinoises. La bande dessiné est très documentée et le récit est raconté par le vaillant petit soldat de plomb.

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Fanny

 

01/06/2016

Manderley for ever, Tatiana de Rosnay

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L'an dernier lorsque Manderley for ever est sorti, j'ai eu très envie de le lire, tout comme beaucoup de lecteurs. Les éloges fleurissaient sur les blogs. J'avais déjà lu Le monde infernal de Branwell Brontë, L'Auberge de la Jamaïque et Le Bouc émissaire mais je voulais lire Rebecca avant de découvrir Manderley for ever.

En préparant ma PAL pour le mois anglais j'ai eu très envie de sortir cette biographie de ma bibliothèque, enfin.

Tatiana de Rosnay retrace la vie de Daphné du Maurier en parcourant les lieux chers à l'auteur. Chaque partie de la biographie est dédiée à un lieu de vie de Daphné et ces parties débutent par la découverte de ces endroits par Tatiana de Rosnay en 2013. J'ai beaucoup aimé le choix de cette structure qui révèle l'amour passionné de Daphné du Maurier pour les lieux, les demeures et les jardins dans lesquels elle a vécu de son enfance à son décès.

Petites filles d'un artiste et écrivain, filles d'un acteur, les soeurs du Maurier sont nées dans une berceau protégé par la fée des Arts qui leur a attribué le don de l'imagination et de la création. Dès leur plus jeune âge, Daphné et son aînée Angela écrivent alors que Jeanne, la petite dernière, peint. Elles fréquentent des comédiens, des auteurs comme James Batthew Barrie qui est un intime de la famille et le tuteur de leurs cousins germains. Devenue jeune fille, Daphné séjourne en France pour apprendre le Français, la langue de ses ancêtres et perfectionner son éducation. Elle tombe amoureuse de Fernande Yvon, la directrice de son école. De retour en Angleterre, Daphné sait déjà qu'elle veut gagner son indépendance grâce à ses nouvelles et romans. Très rapidement, Daphné se marie et connaît le succès avec L'Amour dans l'âme, L'Auberge de la Jamaïque et vient enfin la gloire avec Rebecca. Daphné devient une des auteurs les plus lues au monde. Ses ancêtres français, les lieux, les voyages l'inspirent pour ses romans qui sont la plupart du temps des succès populaires mais que les critiques égratignent. Daphné, à son grand désespoir, est cataloguée comme auteur "romantique" et "gothique" malgré ses protestations. Les malheurs, tourments se multiplient et la mémoire de Daphné est effacée petit à petit par un brouillard que l'auteur ne parviendra pas à faire disparaître.

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L'amour profond de Tatiana de Rosnay pour Daphné Du Maurier fait de Manderley for ever une réussite. Parfois, les biographies semblent écrites par des gens qui n'aiment pas la personne dont il retrace la vie et le livre paraît alors froid et distant. L'admiration du biographe pour son sujet est une nécessité selon moi pour écrire une biographie agréable à lire. Manderley for ever est une biographie passionnée qui se lit comme un roman que l'on ne peut plus abandonner.

La personnalité de Daphné du Maurier est complexe: déterminée, passionnée par ses amours et par son domaine Menabilly, intransigeante, éprise de liberté, indépendante mais aussi égoïste et préférant désespérément son fils à ses filles. Manderley for ever nous donne envie de visiter Fowey et de lire les romans de Daphné, plus particulièrement Ma cousine Rachel dans mon cas. Tatiana de Rosnay, par un tour de force, nous montre si bien la passion profonde de Daphné pour l'écriture qu'elle en vient presque à donner envie au lecteur d'écrire. L'écriture de Tatiana de Rosnay est très agréable.

Je vous conseille de lire Manderley for ever qui est une véritable réussite !

" Daphné fait partie de ces écrivains qui préfèrent regarder en arrière, pas de l'avant, qui sont capables de noircir des pages entières sur ce qui fut, un lieu, une trace, mettre des mots sur la fugacité de l'instant, la fragilité du souvenir qu'il faut embouteiller comme un parfum. "

Fanny

Lu dans le cadre du mois anglais organisé par Lou et Cryssilda

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18/03/2016

Du fond de mon coeur, Jane Austen et Un portrait de Jane Austen, David Cecil

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Avant mon voyage en terres "austeniennes" et "hardyennes" en avril, j'ai voulu me replonger dans l'univers de notre chère anglaise. J'ai désormais envie de relire tous ses romans !

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J'ai débuté par Du fond de mon coeur, un recueil épistolaire. Jane Austen s'adresse à ses nièces: Fanny, Anna et Caroline. Ces correspondances sont agréables à lire et l'on retrouve le piquant de Jane Austen qui se moque de ses voisins, conseille ses pièces pour leurs propres oeuvres littéraires ou pour leurs histoires amoureuses. Malheureusement, Cassandra, l'aînée de Jane, est passée par là et a découpé dans les lettres de notre Anglaise préférée les extraits trop intimes. Nous n'apprenons rien sur la vie privée de Jane ou sur ses émotions et sentiments. Jane Austen est pudique dans sa correspondance, mais si certaines phrases révélaient un peu trop ses sentiments, nous pouvons être certains qu'elles furent détruites par Cassandra. Jane Austen n'a pas voulu que l'on atteigne son moi profond, il faut nous contenter de deviner sa personnalité à travers son attention pour ses nièces, sa générosité et son ironie. Jane révèle tout de même son art poétique à ses nièces et nous en apprenons ainsi davantage sur son travail de romancière.

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J'ai poursuivi mon parcours dans la vie de Jane par la lecture d'Un portrait de Jane Austen par David Cecil. Le début de ma lecture a été difficile: j'ai eu du mal à accrocher à cette biographique que je trouvais un peu scolaire et lente. Finalement, je suis ravie de l'avoir achevée. David Cecil trace un portrait flou à certains endroits de la romancière faute de témoignages ou d'écrits privés mais la biographie nous apprend énormément sur Jane Austen, sa famille, son époque et sa vision de la littérature. Peut-être que certaines informations ne sont pas analysées d'un point de vue objectif tant l'amour de David Cecil pour Jane Austen est grand, mais peu importe puisque le notre l'est tout autant. Nous nous demandons parfois où est la vérité derrière toute l'admiration de David Cecil qui semble peindre la Jane Austen idéale qu'il a imaginée en lisant ses romans. Jane Austen a voulu rester un mystère pour l'auteur de son époque en signant ses romans sous le pseudonyme "une dame". Des siècles après sa mort, elle semble encore plus inaccessible. Alors, finalement, chaque lecteur peut se construire sa propre Jane Austen.

Pourquoi ne pourrions-nous pas l'imaginer, comme David Cecil, intelligente, pétillante, pudique et drôle ?

"Chaque fois que son imagination commençait à travailler, un sourire se dessinait sur ses lèvres - et il ne les quittait jamais très longtemps. Ce sourire est la signature littéraire qui met un point final à chaque livre."

Fanny

Lu dans le cadre du challenge A year in England chez Titine.3071420461.2.jpg

 

 

02/01/2015

Louisa May Alcott, Vivianne Perret

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C'est avec une grande joie que j'ai découvert cette nouvelle biographie de Louisa May Alcott, l'auteur du célébrissime Les Quatre filles du docteur March, sous mon sapin de noël.

Vous connaissez déjà mon grand amour pour ce roman et pour ses personnages qui ont bercé mon enfance.

Mon sentiment sur cette biographie est mitigé: j'ai appris une montagne de choses et j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir les véritables sœurs de Louisa May Alcott et le contexte historique de la vie de l'auteur. Cependant, la première partie de la biographie concernant le père et la mère de l'auteur est trop longue selon moi. La moitié du livre leur est consacrée. Il est bien entendu nécessaire de connaître la vie, les passions et les engagements des parents d'un auteur pour mieux comprendre son enfance et les influences subies. Après cette première partie, j'ai eu l'impression que la lecture de la vie même de l'auteur allait bien trop vite!

Louisa May Alcott était une femme de luttes et cette biographie nous offre une large palette des combats qu'elle a pu mener au cours de sa vie pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes, entre les Noirs et les Blancs ainsi que contre l'alcoolisme qui engendrait de véritables problèmes dans la société. Son parcours de femme engagée dans son pays et dans la société qu'elle désire améliorer est admirable.

Il est également passionnant de constater l'influence autobiographique dans Les Quatre filles du docteur March et les similitudes et différences entre la vie de l'auteur et de ses trois sœurs et celles des sœurs de papier. L'indépendance et la modernité de la vision de la femme défendue par l'auteur étonneront les lecteurs qui trouvent que Les Quatre filles du docteur March est trop"moralisateur". Viviane Perret a également fourni de nombreux documents très instructifs à la fin du livre et nous apprenons que, malheureusement, aucune traduction française n'a encore respecté le texte de Louisa May Alcott: chapitres supprimés, fin changée, personnage francisé (en pleine guerre mondiale, le fiancé allemand de Jo est devenu un alsacien fuyant les Allemands en se réfugiant en Amérique).

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 Pour conclure, ce portrait de femme résolument moderne est très instructif et étonnant malgré certaines longueurs au début. Comme toute bonne biographie, ce livre donne aux lecteurs l'envie de se replonger dans les œuvres de Louisa May Alcott et de lire enfin une véritable traduction des Quatre filles du docteur March. 

Fanny

Lu dans le cadre du Challenge XIXe siècle chez Fanny 2071237519.png

24/08/2014

Karen Blixen, Judith Thurman

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La Ferme Africaine fait partie de mes livres préférés et comme je suis partie quelques jours au Danemark cet été, j'ai voulu me plonger dans une biographie très riche ( 800 pages!) sur Karen Blixen. Pour ceux qui ne connaissent pas cet auteur danoise du Xxe siècle, sa vie a été portée à l'écran par Sydney Pollack dans Out of Africa. La superbe Meryl Streep prête ses traits à Karen Blixen.

Les premières pages de cette biographie reviennent sur la vie des parents de l'auteur et sur leurs antagonismes: sa mère était une bourgeoise élevée pour être une jeune fille parfaite alors que son père aristocrate était très libre, il a parcouru le monde et vécu avec des Indiens.

Ces premières pages sont parfois un peu longues mais elles sont toutefois intéressantes et importantes pour comprendre les paradoxes de la personnalité de Karen Blixen.

Le lecteur vit avec Karen Blixen son enfance, le suicide de son père et il la suit jeune fille à Paris alors qu'elle étudie l'art. Ayant une vingtaine d'années et ne trouvant pas d'époux, Karen Blixen étouffe dans son pays et cherche par tous les moyens à le quitter. Ce moyen se présente alors sous le visage de son cousin suédois Bror Blixen qu'elle épouse à condition qu'ils partent ensemble pour un pays lointain. Ce sera l'Afrique. Ils achètent une ferme au Kenya, plantent du café et Karen Blixen tombe alors amoureuse de ce pays et de ses habitants. Alors que son époux prend de multiples maîtresses et ne l'aide pas à la ferme, elle tombe sous le charme de Denys Finch Hatton, un anglais qui organise des safaris.

La passion de Karen Blixen pour l'Afrique durera toute sa vie alors même qu'elle aura fait faillite, qu'elle aura perdu sa ferme et qu'elle sera forcée de rentrer au Danemark. Elle écrira alors des contes mais aussi La Ferme Africaine qui était en lice pour recevoir le prix Nobel de littérature.

Le film Out of Africa s'arrêtant à son retour d'Afrique, je ne raconterai pas le reste de sa vie au Danemark pour ne pas tout vous révéler.

 

Pour conclure cette biographie sur Karen Blixen est très plaisante à lire. Judith Thurman réussit à transmettre de manière passionnante la formidable et très riche vie de Karen Blixen.

 Fanny

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