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14/06/2018

Miss Charity, Marie-Aude Murail

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Miss Charity est une enfant de cinq ans, renfermée sur elle-même, vivant au troisième étage de la maison, loin de ses parents qu'elle ne doit pas déranger, en compagnie d'une domestique écossaise qui la nourrit d'histoires de fantômes et de ses animaux auxquels elle apprend des tours farfelus.  Un perceptrice française rejoint le petit monde clos de Charity et le transforme du tout au tout en lui enseignant le dessin. Miss Charity dépasse bientôt son maître : ses illustrations sont admirées par son entourage.

La fillette devient une adolescente, reconnue pour son intelligence mais non pour sa beauté, coincée entre deux cousines exubérantes qui cherchent déjà à attirer les regards des jeunes hommes. Ses deux cousines se battent pour obtenir l'attention de Kenneth Ashley, un jeune homme amusant et solaire, aimé par tous. 

Alors que ses cousines s'occupent de leurs prétentants, que sa préceptrice française la quitte pour épouser Her Schmal le percepteur allemand de son cousin, Miss Charity se demande ce qu'elle va faire de sa vie et quel événement pourrait bien venir chambouler cette existence monotone qui l'ennuie. Son père est préoccupé par des problèmes financiers, sa mère ne cesse de lui reprocher sa mauvaise tenue en société, sa domestique écossaise tient des propos de plus en plus inquiétants. Charity dessine, pour conjurer l'ennui mais aussi pour le bonheur des plus petits, des histoires qui mettent en scène ses animaux. Elle sent en elle une volonté et une force de caractère qu'elle ne sait comment employer. Herr Schmal l'encourage alors à chercher un éditeur. 

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Miss Charity est un coup de coeur absolu. La jeunesse de Beatrix Potter romancée par Marie-Aude Murail est un délice.

Le roman est illustré par Philippe Dumas et ses dessins accompagnent parfaitement cette histoire. Le début, lorsque l'héroïne n'a que cinq ans, est plutôt enfantin et léger. Les aventures et jeux de Charity avec ses animaux sont mignons et charmeront les petits et les grands. La suite du roman est plus sérieuse et touchante selon moi. Cette Miss Charity, talentueuse et peu sûre d'elle, est très émouvante et attachante. J'ai adoré suivre le parcours de cette jeune femme, se sentant pleine de volonté et d'idées, mais ne sachant comment les utiliser. J'ai beaucoup aimé la façon dont Marie-Aude Murail décrit la condition des femmes artistes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle au sein de leur famille et de la société. L'autrice explique d'ailleurs qu'elle a choisi de romancer la vie de Beatrix Potter mais elle aurait pu tout autant retracer le destin de Jane Austen, la Comtesse de Ségur, George Sand ou Charlotte Brontë. L'écriture est exquise et les petites touches d'humour ne cessent de nous faire sourire. Enfin, les clins d’œil littéraires sont disséminés tout au long du roman : certains extraits sont des hommages à Jane Eyre, Oscar Wilde surgit sous les yeux émerveillés du lecteur et des extraits des pièces de Shakespeare accompagnent l'héroïne et le lecteur. 

Si vous n'avez pas encore lu Miss Charity, vous avez manqué une lecture délicieuse et un pur moment de bonheur. Miss Charity fait partie de ces romans que nous avons du mal à quitter et qui laissent une empreinte en nous encore longtemps après que nous les ayons refermés.

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 " Qu'est-ce qu'elle a ? Est-elle malade ?

- Elle est folle. Elle récite du Shakespeare au milieu de tout un ramassis de bestioles !

J'ignore d'où elle tenait son information, mais je dus reconnaître que que c'était un assez bon résumé de ma vie."

 

" Je lisais et je me mettais à aimer violemment des gens que je n'avais jamais vus, à les aimer comme je n'avais jamais aimé personne, et à vouloir leur bonheur de toutes mes forces." 

 

Fanny

Lu dans le cadre de la lecture commune d'un roman jeunesse organisée par Cryssilda et Lou

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01/03/2018

Mémoire espionne du coeur, Frédéric Ferney

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 Mémoire espionne du coeur est un recueil de textes variés. Ces textes peuvent se lire d'une traite sans éprouver la moindre lassitude tant ils sont différents ou se déguster petit à petit. 

Ce recueil est un bonheur de lecture. Fédéric Ferney réalise les rêves de tous les lecteurs.  Qui ne rêve pas de pouvoir écrire une épitre à un artiste qu'il aime ? Qui n'aurait pas adoré assister aux échanges plein de verve et d'ironie des artistes ? 

Avec une grande liberté de ton et de cadre spatio-temporel, Fédéric Ferney met à mal toutes les barrières que l'on pourrait s'imposer. Le lecteur assiste aux rencontres d'auteurs, de peintres, d'hommes politiques de la Renaissance à nos jours. 

Par delà la mort, il s'adresse avec une joie évidente aux auteurs ou personnages qu'il admire comme Arthur Rimbaud ou d'Artagnan. Il fait correspondre des artistes ennemis ou amis : ainsi Charles Baudelaire entretient une correspondance avec le critique Sainte-Beuve pour régler ses comptes. Ces joutes verbales sont un régal à lire ! Il imagine aussi des dialogues entre de grands auteurs ou de grands peintres comme Balzac, Oscar Wilde et Nathalie Sarraute qui débattent sur la question de la création des personnages. 

Ce recueil est plaisant à lire : les textes montrent tous la grande érudition de Fédéric Ferney et donnent envie d'en apprendre davantage sur les artistes dont il est question. Les tons de ces textes sont tour à tour caustiques, grinçants, émouvants ou drôles. On est touché par la déclaration d'amour de Debussy à Toulouse -Lautrec puis on rit sous cape en lisant la lettre qu'Emmanuel Macron n'a jamais envoyé à François Hollande. Enfin, certains textes sont illustrés par Jean-Pierre Cagnat.

Mémoire espionne du coeur est un grand hommage à la culture et à l'esprit de liberté. 

"Monsieur, ou bien devrais-je dire: canaille". Baudelaire à Sainte-Beuve. 

"Tu seras enterré au cimetière de Ramatuelle dans ton costume du Cid: "Perdican ne pouvait vieillir", se lamente Aragon. Et Mauriac: "Je ne le connaissais pas. Je n'en prends pas moins ma part de chagrin. " Étrange formule: le chagrin est un bloc, il ne se divise pas." L'auteur à Gérard Philipe.

Merci aux Editions Baker Street.

Fanny

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08/02/2018

Rimbaldo, Serge Filippini

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Dans Rimbaldo, Serge Filippini imagine la journée durant laquelle la mystérieuse photo de Rimbaud, retrouvée par hasard en 2010, a été prise. Sur ce cliché de 1880, Rimbaud est assis au milieu d'autres Européens à Aden, il est l'un des seuls à regarder l'objectif. Serge Filippini a conservé les noms des sept personnes photographiées et certains détails biographiques mais ce récit est bien une fiction. L'auteur réinvente cette journée durant laquelle Jules Suel, propriétaire d'un hôtel, demande à un photographe de venir immortaliser son groupe d'amis à des fins publicitaires. Ces exilés, liés par l'aventure qu'ils vivent en Afrique, par les mésaventures vécues en France qu'ils ont fuies, se déchirent ce jour-là. Les vies de ces six hommes et de cette femme s'entrecroisent durant les deux heures précédent la prise du cliché. Loin de l'image du bel adolescent, le regard clair et intelligent, rêvant de poésie, le lecteur découvre une nouvelle fois un Rimbaud aventurier, impulsif, secret et mutique, bien plus humain et touchant que le Rimbaud des biographies. Il n'est qu'un personnage comme un autre dans ce récit. Rimbaud est au centre de toutes les attentes du lecteur au début du roman mais l'auteur parvient à détourner nos premiers espoirs. Il capte notre attention en relatant les vies des autres personnages et ne la perd plus. J'ai été touchée par le parcours d'Emilie Bidault, une jeune femme malheureuse en amour, rêvant de liberté en Afrique, d'égalité entre les hommes et d'amour absolu. 

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J'ai adoré ce roman qui ressemble à une pièce de théâtre par son action regroupée sur quelques heures et dans un seul lieu. Lorsque cette photographie a été découverte en 2010 j'étais fascinée, j'adore les histoires de ces trésors trouvés par hasard, qui ont bien failli se perdre pour toujours et j'aime tant Rimbaud. La plume de Serge Filippini est très belle : elle parvient à nous plonger dans l'atmosphère lourde de l'Afrique et les dialogues sont émouvants. Que vous aimiez ou non la poésie de Rimbaud ou son personnage d'aventurier, je vous conseille vivement ce roman.


"Rimbaud crachait au vent sa chique de qât, il secouait ses rênes, il s'efforçait de se rincer le cerveau en gueulant après le cheval qui tirait sa carriole dans le sable et la fournaise. Il traversait une journée détestables qui durait depuis sa naissance". 

Je remercie Babelio et  Les Editions Libretto.

Fanny

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04/11/2017

Mrs Creasy a disparu, Joanna Cannon

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Mrs Creasy a disparu. Un matin de canicule, elle est partie en toute discrétion sans prévenir personne. Deux jeunes voisines, Grace et Tilly, décident de mener l'enquête pour tromper l'ennui de ces vacances d'été caniculaires. Elles ont aussi remarqué que les adultes de la rue paniquent, protègent férocement des secrets et évoquent à demi-mot des souvenirs que tous voudraient avoir oubliés. L'avenue, en apparence si paisible, est rattrapée par une histoire vieille de dix ans que tout le monde avait soigneusement caché sous le tapis avant la disparition de Mrs Creasy. Les jeunes filles cherchent alors avec leur regard innocent à retrouver Mrs Creasy et à comprendre ces adultes secrets qui détestent tous en coeur le voisin du numéro 11. Assommées par la chaleur, Grace et Tilly sillonnent le quartier et s'invitent chez chaque voisin pour poser des questions qui semblent naïves mais qui réveillent chez les adultes des doutes et de mauvais souvenirs. Joanna Cannon alterne la narration : Grace prend en charge le récit de ses recherches avec Tilly et un narrateur externe nous fait entrer chez chaque voisin pour connaître leurs secrets et leurs mesquineries.

J'ai beaucoup aimé ce premier roman. Joanna Cannon nous donne à voir ce qu'il se passe lorsque les portes de ces personnages, qui pourraient être nos voisin, sont fermés et derrière lesquelles chacun cherche à cacher des secrets. Ce roman est une comédie de moeurs. Le regard candide des enfants nous donne souvent envie de sourire mais le récit met aussi en scène des aspects monstrueux de l'être humain. L'hystérie collective et la soif de violence enfermée en chacun sont brillamment décrits par Joanna Cannon. 

L'écriture est grinçante lorsqu'elle évoque les adultes et pleine de candeur lorsqu'elle adopte le point de vue de ces deux jeunes filles si attachantes. Ce roman se dévore avec un grand plaisir !

"Elle sait que sa présence dans la rue allumera les conversations comme une guirlande lumineuse. Dès qu'elle sera hors de portée, ils commenceront à disséquer son malheur et son ridicule et à se le distribuer comme des petits -fours."

Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Harper Collins pour cette belle découverte !

Cette lecture entre dans le Challenge A Year in England organisé par Titine.

Fanny

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01/11/2017

La Soupe de Kafka, Mark Crick

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Dans La Soupe de Kafka, Mark Crick imagine les plats que Gustave Flaubert, Virginia Woolf, Gabriel Garcia Marquez, Marcel Proust, François de la Rochefoucauld ou Jane Austen nous concocteraient s'ils nous invitaient à manger. Sous la forme de pastiches, les recettes imaginées par Crick nous plongent dans l'univers de ces auteurs. Crick s'est lancé dans un exercice de style pour le moins risqué mais il réussit merveilleusement bien à imiter le style de ces auteurs et à calquer leur univers. Le lecteur passe avec plaisir de la recette des oeufs à l'estragon de Jane Austen qui commence comme le début d'Orgueil et préjugés au Tiramisu de Marcel Proust qui lui permet de remonter le temps et de retrouver des souvenirs trop longtemps enfouis.

J'ai particulièrement adoré le pastiche de Gustave Flaubert. Crick met en scène Emma Bovary préparant un gâteau breton pendant que Charles ronfle dans le canapé devant la télévision allumée. Elle tombe alors sous le charme du nouveau président américain qui l'a fait rêver à un homme fort et déterminé. Le pastiche d'Emma en ménagère désespérée et la représentation de Trump (qui n'est même pas caricaturale malheureusement...) sont vraiment très drôles !

La Soupe de Kafka est un excellent moyen de plonger de nouveau dans nos romans préférés en les redécouvrant sous un nouvel angle humoristique. Crick m'a également donné envie de découvrir certains auteurs que je n'avais encore jamais lus comme Gabriel Garcia Marquez. La Soupe de Kafka est une déclaration d'amour aux auteurs et à ces livres que l'on aime tant lire et relire dans leur version originale ou dans des réécritures.

Enfin, ce recueil de pastiches est un bel objet livre : chaque recette est illustrée par des illustrations de Crick lui-même imitant les tableaux de grands maîtres comme Gustave Doré, Honoré Daumier, Otto Dix, Henri Matisse, Frida Kahlo....

Le pastiche est ainsi décliné littérairement et pictuarellement !

Si vous voulez offrir ou vous faire offrir un livre beau esthétiquement, drôle et intelligent, La Soupe de Kafka est une très bonne idée !

" Le crémeux breuvage s'était refroidi; sa saveur semblait déjà évanouie, et avec elle, hélas, les traces de cette soirée. Toutefois, devinant confusément que ces souvenirs ne s'étaient peut-être pas évanouis pour toujours, mais qu'ils pouvaient, à la manière des âmes des défunts, s'attarder encore parmi nous, je commandai une seconde fois cette boisson laiteuse qui, en d'autres circonstances, m'aurait dégoûté : maintenant je la désirais aussi intensément qu'un élixir de jeunesse." Tiramisu à la Marcel Proust

Je remercie les Editions Baker Street.

Fanny

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29/10/2017

Quatre livres pour Halloween

Pour ce mois d'octobre j'ai eu envie frissonner avec quelques lectures de circonstances. J'ai choisi un roman jeunesse, un roman gothique classique, un roman policier et une pièce de théâtre.

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Dans Autopsie, Kerri Maniscalco revisite le mythe de Jack L'Éventreur. Audrey Rose, une jeune fille, passionnée par la science, étudie avec son oncle médecin légiste les corps des femmes tuées par Jack L’Éventreur. Ne supportant plus ces horreurs, elle décide avec Thomas, un élève de son oncle, de mener l'enquête. Elle est persuadée que l'éventreur fait partie de son entourage...

Ce roman jeunesse est réussi malgré quelques faiblesses. Le suspense est présent tout au long du roman. L'héroïne est un bon exemple du sort des femmes du XIXe siècle pour les jeunes d'aujourd'hui: enfermée par son père, pressée par sa tante pour trouver un bon parti, elle lutte pour apprendre et pour exercer le métier qu'elle aime. Cette lecture fut agréable sans être un coup de cœur.

 

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Alexandre Dumas est le narrateur de ce roman. Il retrouve par hasard Alfred de Nerval, un ami qu'il n'avait pas vu depuis bien longtemps. La dernière fois qu'ils s'étaient vus cet ami était accompagné par une jeune femme malade et avait eu un comportement étrange. Alfred de Nerval lui remonte le temps et lui explique qui était cette femme, pourquoi son comportement était si étrange ....

Le récit principal et emboîté dans le premier commence. Alfred de Nerval, passionnément amoureux de Pauline, traîne sa peine et essaie, par tous les moyens, d'oublier celle qui vient de se marier au comte de Beuzeval. Alors qu'une tempête se lève et que sa barque se fend, Alfred s'abrite toute une nuit dans une vieille abbaye abandonnée située dans le domaine du comte Beuzeval. Il est tiré de son fragile sommeil par des bruits curieux : un homme, dont il ne distingue pas le visage, enterre une clé sous une pierre tombale à quelques mètres de lui. En sécurité le lendemain matin, il apprend que Pauline Beuzeval est morte. Il se fait passer pour un apprenti médecin afin d'apercevoir une dernière fois le corps de sa bien aimée. Mais à sa grande stupeur, la femme étendue dans la maison du comte n'est pas Pauline. Pourquoi le comte fait-il passer une inconnue pour son épouse ? Pourquoi fait-il croire à la mort de Pauline ? Où est Pauline ? Alfred décide donc de retourner la nuit dans l'abbaye, de déterrer la clé et d'ouvrir la vieille porte par laquelle l'homme était sorti.

Abbaye abandonnée, événements mystérieux, disparition inexpliquée et personnages inquiétants, Alexandre Dumas réunit tous les ingrédients pour faire frisonner son lecteur. J'ai beaucoup aimé cette lecture pour cette atmosphère inquiétante. 

 

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J'aime tellement Les Diaboliques de Clouzot que je voulais découvrir le roman qui a inspiré ce film.

J'ai tout autant aimé le roman de Boileau -Narcejac. Même en connaissant la fin et les moments de tension, le suspense était bien présent et je me suis fait quelques frayeurs en le lisant avant de m'endormir. J'ai été étonnée par les nombreuses modifications apportées par Clouzot mais elles ne m'ont pas vraiment dérangées. Si vous ne connaissez pas le film ou le roman je vous les conseille vivement !

Ravinel prépare le meurtre de son épouse avec Lucienne, sa maîtresse. Cet assassinat leur apportera la liberté et deux millions de francs versés par les assurances. Mireille est tuée et le couple met en place son plan machiavélique. Ravinel doit faire semblant de découvrir le corps de Mireille dans le lavoir au fond du jardin avec pour témoin le facteur. Seulement voilà, le corps a disparu. Ravinel reçoit alors une lettre de Mireille, postée le jour même, et lui annonçant qu'elle est partie pour quelques jours. Tout cela simple impossible. Mireille a été noyée dans une baignoire, transportées dans une camionnette... Mireille a-t-elle survécu ? Revient - elle pour se venger ? Ravinel et Lucienne vivent dans une peur de chaque instant... 

 

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En 1692, la terreur règne sur la ville de Salem. Un groupe de jeunes filles affirme que le diable leur ait apparu et que des femmes de la ville sont des sorcières. Abigail est la première à l'affirmer et les autres filles la suivent. Elle est la nièce du révérend M.Parris et a été mise à la porte par Mme Proctor parce qu'elle était devenue la maîtresse de son mari. Alors que toutes les femmes tremblent, Abigail donne les noms des sorcières. M.Hale, le révérend d'une autre ville, vient aider M.Parris à vaincre le diable et les juges arrivent à Salem. La ville perd la tête et les premiers procès ont lieu. Les femmes sont pendues. Abigail finit par affirmer que Mme Proctor est une sorcière. M.Proctor défend bec et ongle sa femme et n'hésite pas à accuser de meurtres Abigail et toutes les autres jeunes femmes qui ne pensent qu'à se venger. Catastrophé par les événements et par les procès bâclés, M.Hale s'oppose à son confrère et prend partie pour les Proctor et pour tous les innocents accusés de sorcellerie.


En 1953, alors que l'Amérique est en proie au maccarthysme et organise sa chasse aux sorcières, Arthur Miller utilise cette histoire vraie de 1692 pour nous montrer la folie des hommes. Cette pièce nous interroge sur la justice, le fanatisme, la religion et les superstitions. Ce qu'il nous dit de l'hystérie des foules est effrayant parce que cette folie contagieuse est toujours véridique aujourd'hui. Je vous conseille cette lecture qui ne vous laissera pas de marbre. J'aimerais beaucoup voir cette pièce mise en scène mais pour le moment je vais me contenter de l'adaptation cinématographique avec Simone Signoret et Yves Montand.

 

Fanny

19/10/2017

Le Jour d'avant, Sorj Chalandon

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Dans Le Jour d'avant, Sorj Chalandon remonte le temps jusqu'à la catastrophe qui a coûté la vie à 42 mineurs le 27 décembre 1974 à Saint-Amé de Liévin-Lens. Le narrateur est le frère de l'une des victimes.

Avec lui, nous parcourons son passé : le lecteur découvre Joseph, un jeune homme qui se cherche entre la terre et le charbon. Des mineurs le poussent à rejoindre leur groupe et son père agriculteur le voudrait bien comme successeur. Et puis, presque par hasard, il choisit la mine au grand dam de la famille qui n'oublie pas l'oncle tué par la mine alors qu'il n'avait que 20 ans. Son jeune frère l'admire. Michel se souvient alors de ce maudit 26 décembre : alors qu'il n'avait jamais été aussi heureux et fier, au volant de la moto et conduisant son grand frère, Joseph, son héros, frissonne en passant devant la mine. Quelques heures plus tard la mine s’effondrait sur lui.

Le temps passe mais la douleur ne quitte plus Michel, orphelin de frère, puis de père. Encouragé par un mot laissé par son père avant son décès, Michel, quarante ans plus tard, décide de venger la mort de Joseph. Cette catastrophe minière n'était pas un accident mais un meurtre. Elle aurait pu être évitée: des hommes sont responsables de la mort de son frère, tué à 30 ans, et n'ont jamais payé pour ce qu'ils avaient fait. Incognito, il retourne dans son village : la mine est morte, elle est devenue un monument historique et une stèle a été érigée à la mémoire des 42 mineurs. Michel se lance alors dans la chasse à l'homme et met en place sa vengeance.

Je n'avais jamais lu de roman de Sorj Chalandon mais pour une première lecture ce fut un vrai coup de cœur. Sorj Chalandon nous tient jusqu'à la fin : cette histoire haletante nous pose mille et une questions sur l'amour, la fraternité, la vengeance, la moralité, la folie.... Les retournements de situations sont fréquents et l'un m'a particulièrement surprise. L'écriture est magnifique et pleine d'humanité. Le Jour d'avant est un poignant hommage aux mineurs de tous les temps, à leurs familles brisées, aux hommes de la terre représentés par le père des deux garçons et enfin un peu à Germinal d'Emile Zola.

En quelques mots, Le Jour d'avant a été une lecture marquante et émouvante par son sujet et par son écriture.

" Venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, mort en paysan. Venger ma mère, morte en esseulée; j'allais tous nous venger de la mine. Nous laver des Houillères, des crapules qui n'avaient jamais payé leurs crimes. (...) Rendre justice aux veuves humiliées, condamnées à rembourser les habits de de travail que leurs maris avaient abîmés en mourant. "

Je remercie les Matchs de la rentrée de Priceminister.

Fanny

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