09/06/2016
Le cottage natal de Thomas Hardy et Max Gate, Dorchester
Voici enfin le second billet sur mon voyage en Angleterre ! Je me replonge avec plaisir dans ce voyage avec mes photos et les livres que j'ai achetés sur place. Vous pouvez agrandir les images si vous le souhaitez en cliquant dessus.
Le mercredi 13 avril, avant d'aller à Chawton nous avons passé la journée à Dorchester. Après avoir tant aimé les oeuvres de Thomas Hardy mais aussi Hiver de Nicholson je rêvais de visiter le cottage de Thomas Hardy. Contrairement à ce que je croyais après ma lecture du roman Hiver, l'auteur n'a pas vécu toute sa vie dans ce cottage.
Avant les visites, nous avons pique-niqué dans la forêt qui entoure la maison natale de Thomas Hardy. La mise en scène de la découverte de la maison est incroyable. Le visiteur doit choisir un sentier de randonnée: celui de 15 minutes ou celui de 35 minutes. Ce chemin le mènera jusqu'à la maison de l'auteur qu'il pourra apercevoir depuis un promontoire avant d'arriver sur les lieux. Le cottage de la famille et le jardin sont plein de charme. Construit par son grand père, le cottage abrita la famille sur plusieurs générations. Thomas Hardy est né dans ce cottage, entouré par ses deux soeurs et son frère. Thomas Hardy a écrit ses premières oeuvres dans ce cottage dont Loin de la foule déchaînée. Dans chaque pièce, nous pouvons trouver un petit livre qui contient tout ce qu'il y a à savoir sur l'endroit et sur ses habitants. On apprend alors, qu'un jour, la mère de Thomas Hardy a trouvé un serpent dans le berceau de l'enfant endormi ou encore que l'auteur aimait se trouver dans la cuisine avec sa grand-mère pendant qu'elle repassait et qu'elle lui racontait la vie de Napoléon. Le cottage, le jardin, le décor qui l'entoure sont très émouvants. Avec ce ciel bleu, j'avais l'impression de me trouver dans l'endroit le plus apaisant au monde. Si le paradis existe, j'imagine qu'il ressemble à cet endroit ! Plusieurs petites randonnées sont possibles autour du cottage et sont très agréables à faire.
Ensuite, nous avons repris la voiture pour aller visiter Max Gate, la maison dessinée par Thomas Hardy et construite par son frère après les succès littéraires de l'auteur. Max Gate est une belle et grand demeure mais qui n'a pas tout le charme du cottage. Thomas Hardy a vécu dans cette maison avec ses deux épouses, il y a écrit la majorité de ses oeuvres et il y est décédé.
L'accueil est exceptionnel. Les gens qui travaillent dans Max Gate sont véritablement passionnés par Thomas Hardy et ils étaient si heureux de voir des Françaises de moins de 60 ans que nous avons été traitées comme des reines ! Nous avons d'abord été reçues comme Thomas Hardy recevait ses invités: nous nous asseyons près de la cheminée, le guide s'assoit quant à lui dans le siège principal, à la place de Thomas Hardy et nous raconte l'histoire de l'auteur et de la maison. Wessex, le chien favori de Thomas Hardy est même présent près de la cheminée sous la forme d'une peluche. Aucun objet de la maison n'est d'époque donc le guide vous encourage à toucher les bibelots ou à s'asseoir où l'on veut pour avoir l'impression d'être un hôte de Thomas Hardy. J'ai adoré cet aspect de la visite. Le jardin est magnifique également.
Nous nous sommes ensuite promenés dans Dorchester qui est une petite ville agréable. Nous avons pu voir la maison qui a inspiré la demeure du héros dans Le Maire de Casterbridge mais aussi la statue de Thomas Hardy qui fut inaugurée par son ami James Matthew Barrie.
Le lendemain matin, avant de reprendre la route pour Chawton, nous sommes allées jusqu'à Stinsford qui est un hameau collé à Dorchester afin de visiter l'église dans laquelle Thomas Hardy a été baptisé et qu'il avait l'habitude de fréquenter. La dépouille de Thomas Hardy se trouve à l'Abbaye de Westminster à Londres mais son coeur est enterré dans le petit cimetière accolé à l'église auprès de sa famille et de ses deux épouses.
Comme vous l'avez certainement compris, j'ai été extrêmement émue par cette journée et par ses visites. Je réalisais l'un de mes rêves. Si un jour vous avez l'occasion de visiter Dorchester et ces deux maisons, n'hésitez surtout pas !
Fanny
Billet écrit dans le cadre du mois anglais et de la journée consacrée à la campagne anglaise organisés par Lou et Cryssilda !
13:01 Publié dans A year in England, Livres, Voyage chez les auteurs | Lien permanent | Commentaires (7)
01/06/2016
Manderley for ever, Tatiana de Rosnay
L'an dernier lorsque Manderley for ever est sorti, j'ai eu très envie de le lire, tout comme beaucoup de lecteurs. Les éloges fleurissaient sur les blogs. J'avais déjà lu Le monde infernal de Branwell Brontë, L'Auberge de la Jamaïque et Le Bouc émissaire mais je voulais lire Rebecca avant de découvrir Manderley for ever.
En préparant ma PAL pour le mois anglais j'ai eu très envie de sortir cette biographie de ma bibliothèque, enfin.
Tatiana de Rosnay retrace la vie de Daphné du Maurier en parcourant les lieux chers à l'auteur. Chaque partie de la biographie est dédiée à un lieu de vie de Daphné et ces parties débutent par la découverte de ces endroits par Tatiana de Rosnay en 2013. J'ai beaucoup aimé le choix de cette structure qui révèle l'amour passionné de Daphné du Maurier pour les lieux, les demeures et les jardins dans lesquels elle a vécu de son enfance à son décès.
Petites filles d'un artiste et écrivain, filles d'un acteur, les soeurs du Maurier sont nées dans une berceau protégé par la fée des Arts qui leur a attribué le don de l'imagination et de la création. Dès leur plus jeune âge, Daphné et son aînée Angela écrivent alors que Jeanne, la petite dernière, peint. Elles fréquentent des comédiens, des auteurs comme James Batthew Barrie qui est un intime de la famille et le tuteur de leurs cousins germains. Devenue jeune fille, Daphné séjourne en France pour apprendre le Français, la langue de ses ancêtres et perfectionner son éducation. Elle tombe amoureuse de Fernande Yvon, la directrice de son école. De retour en Angleterre, Daphné sait déjà qu'elle veut gagner son indépendance grâce à ses nouvelles et romans. Très rapidement, Daphné se marie et connaît le succès avec L'Amour dans l'âme, L'Auberge de la Jamaïque et vient enfin la gloire avec Rebecca. Daphné devient une des auteurs les plus lues au monde. Ses ancêtres français, les lieux, les voyages l'inspirent pour ses romans qui sont la plupart du temps des succès populaires mais que les critiques égratignent. Daphné, à son grand désespoir, est cataloguée comme auteur "romantique" et "gothique" malgré ses protestations. Les malheurs, tourments se multiplient et la mémoire de Daphné est effacée petit à petit par un brouillard que l'auteur ne parviendra pas à faire disparaître.
L'amour profond de Tatiana de Rosnay pour Daphné Du Maurier fait de Manderley for ever une réussite. Parfois, les biographies semblent écrites par des gens qui n'aiment pas la personne dont il retrace la vie et le livre paraît alors froid et distant. L'admiration du biographe pour son sujet est une nécessité selon moi pour écrire une biographie agréable à lire. Manderley for ever est une biographie passionnée qui se lit comme un roman que l'on ne peut plus abandonner.
La personnalité de Daphné du Maurier est complexe: déterminée, passionnée par ses amours et par son domaine Menabilly, intransigeante, éprise de liberté, indépendante mais aussi égoïste et préférant désespérément son fils à ses filles. Manderley for ever nous donne envie de visiter Fowey et de lire les romans de Daphné, plus particulièrement Ma cousine Rachel dans mon cas. Tatiana de Rosnay, par un tour de force, nous montre si bien la passion profonde de Daphné pour l'écriture qu'elle en vient presque à donner envie au lecteur d'écrire. L'écriture de Tatiana de Rosnay est très agréable.
Je vous conseille de lire Manderley for ever qui est une véritable réussite !
" Daphné fait partie de ces écrivains qui préfèrent regarder en arrière, pas de l'avant, qui sont capables de noircir des pages entières sur ce qui fut, un lieu, une trace, mettre des mots sur la fugacité de l'instant, la fragilité du souvenir qu'il faut embouteiller comme un parfum. "
Fanny
Lu dans le cadre du mois anglais organisé par Lou et Cryssilda
22:53 Publié dans A year in England, Biographie, Challenges, Les contemporains, Livres | Lien permanent | Commentaires (6)
07/04/2016
Jude l'obscur, Thomas Hardy
Après mon coup de coeur pour Tess d'Urberville et avant d'aller visiter le sud de l'Angleterre d'ici quelques jours, j'ai voulu lire le dernier roman de l'auteur, considéré comme l'ultime chef d'oeuvre de Thomas Hardy : Jude l'obscur, roman à ne pas mettre en des mains tristounettes sans prendre le risque de les rendre encore plus désespérées.
Je ne vous raconterai pas toute l'histoire de Jude, tout d'abord le roman perdrait de son intérêt et je ne suis pas certaine de lui rendre justice. (Mieux vaut ne pas lire la quatrième de couverture du Livre de poche.)
Nous pouvons juste esquisser les premières fondations du roman qui sont si importantes pour la suite. Jude, un jeune orphelin, vit chez sa tante et travaille pour ne pas être considéré comme une bouche inutile à nourrir par sa parente. Lorsque son maître d'école quitte le village au début du roman, il lui fait promettre de ne jamais abandonner ses études et de toujours chercher à se cultiver. Jude fait cette promesse qui va orienter son destin. Dès lors, Jude n'a qu'une obsession: aller à Christminster, ville universitaire et pieuse, pour devenir quelqu'un : un homme cultivé, intelligent, affranchi de la terre et de la misère. Il n'aura de cesse de tendre vers cet objectif mais de nombreuses barrières se dresseront devant lui.
Ces obstacles seront extérieurs: la société telle qu'elle est au XIXe siècle ne permet pas à un petit jeune homme obscur de devenir un grand homme, ne donne ni temps ni forces à un travailleur manuel usé par ses journées de labeur pour s'instruire. De plus, cette société est est composée d'hommes et de femmes rongés par les préjugés, le fanatisme religieux, l'hypocrisie, nourris de scandales, de ragots et qui aiment plus que tout juger leur prochain. Les difficultés rencontrées par Jude seront également liées à sa propre personnalité: sa faiblesse pour l'alcool, sa sensualité qui le pousse dans les bras d'Arabella, sa passion pour Sue, ses propres préjugés et croyances religieuses joueront également contre lui et contre son idéal. Enfin, la pensée de Jude se trouvera confrontée à celle de Sue, sa cousine. Les idées de Jude en seront chamboulées: Jude est croyant, considère les cérémonies et lois religieuses comme sacrées. Sue, plus libre et indépendante que son cousin, est cultivée et possède un esprit critique aiguisé. Sans jamais le dire, ses faits et gestes montrent qu'elle ne croit pas en Dieu et elle rejette les institutions religieuses.
Jude l'obscur est une tragédie moderne : comme chez les Grecs, le "fatum", le destin se joue des personnages. Ils sont quatre: Jude, Sue sa cousine, Arabella une jeune paysanne et Richard un instituteur. Il seront désespérément liés, séparés et amenés à se rencontrer sans cesse au fil du roman. Ils subiront chacun leur tour les choix des autres personnages, le regard et les jugements de leurs contemporains et les nombreux pièges que la société du XIXe siècle tend à l'homme tout au long de sa vie pour le contraindre, le soumettre et anéantir sa liberté: le mariage et la religion. Sue et Jude, couple maudit, ont "cinquante ans d'avance sur leur monde". Influencé par Sue, Jude rejettera les lois sociales et religieuses auxquelles il se soumettait. Ils n'auront de cesse de chercher leur propre bonheur. Petits voiliers pris dans une tempête, ils se battront contre vents et marées pour vivre selon leur bon vouloir et selon leurs propres lois édictées contre celles imposées par la société.
Jude l'obscur a causé tant d'ennuis à Thomas Hardy qu'il n'a plus écrit un seul roman jusqu'à la fin de sa vie. Les thèmes et les propos tenus par les personnages sont résolument modernes. Le roman est une vive critique des lois et de l'institution du mariage. Le mariage n'est qu'une question d'hypocrisie: deux personnes ne peuvent pas ressentir exactement les mêmes sentiments tout au long de leur vie et lorsque ces sentiments sont contraints ils se délitent fatalement. Dieu et les hommes ne devraient pas forcer un couple à se marier.
Pour conclure, parce que si je ne m'arrête pas maintenant, cet avis sera beaucoup trop long, Jude l'obscur est un roman complexe et dense qui s'empare de nombreux sujets qui sont toujours d'actualité. Me mariant moi-même cette année, je n'ai pu rester insensible à toutes les réflexions des personnages concernant cette institution. Cette tragédie est souvent bouleversante même si elle connaît quelques longueurs. Jude l'obscur m'a moins touché que Tess d'Urberville, je dois bien l'admettre. L'écriture de Thomas Hardy est toujours aussi belle et la construction de ses intrigues et leurs rebondissements restent incroyables. Je reste sans voix devant l'audace et la modernité des idées et des critiques de Thomas Hardy qui a toujours des années d'avance pour certains esprits obscurs de 2016.
" Jude sortit, conscient plus que jamais de l'inutilité de son existence ; il s'étendit sur un tas de litière près de l'étable à cochons. Le brouillard était alors devenu plus léger et laissait deviner le soleil. L'enfant tira son chapeau de paille sur son visage et rêvassa, en regardant par les interstices cette clarté blanchâtre. Il voyait que l'âge apporte des responsabilités. Les événements ne s'enchaînaient pas comme il l'aurait pensé. La logique de la Nature était trop horrible pour qu'il s'en souciât. L'idée que ce qui était compassion envers certaines créatures devenait cruauté envers d'autres détruisait tout sentiment d'harmonie. Il s'apercevait qu'en grandissant on se sentait au centre de la vie et non sur un point de la circonférence comme lorsqu'on est petit : cela lui donnait le frisson. Tout autour de lui, il semblait y avoir des choses brillantes, éclatantes, assourdissantes ; ces lueurs et ces bruits frappaient cette petite cellule qui sécrète la vie, la secouaient et la brûlaient. "
Lu dans le cadre du challenge XIXe siècle chez Fanny et de A year in England chez Titine.
Fanny
18:57 Publié dans A year in England, Challenge XIXe siècle, Challenges, Les classiques, Livres | Lien permanent | Commentaires (5)
18/03/2016
Du fond de mon coeur, Jane Austen et Un portrait de Jane Austen, David Cecil
Avant mon voyage en terres "austeniennes" et "hardyennes" en avril, j'ai voulu me replonger dans l'univers de notre chère anglaise. J'ai désormais envie de relire tous ses romans !
J'ai débuté par Du fond de mon coeur, un recueil épistolaire. Jane Austen s'adresse à ses nièces: Fanny, Anna et Caroline. Ces correspondances sont agréables à lire et l'on retrouve le piquant de Jane Austen qui se moque de ses voisins, conseille ses pièces pour leurs propres oeuvres littéraires ou pour leurs histoires amoureuses. Malheureusement, Cassandra, l'aînée de Jane, est passée par là et a découpé dans les lettres de notre Anglaise préférée les extraits trop intimes. Nous n'apprenons rien sur la vie privée de Jane ou sur ses émotions et sentiments. Jane Austen est pudique dans sa correspondance, mais si certaines phrases révélaient un peu trop ses sentiments, nous pouvons être certains qu'elles furent détruites par Cassandra. Jane Austen n'a pas voulu que l'on atteigne son moi profond, il faut nous contenter de deviner sa personnalité à travers son attention pour ses nièces, sa générosité et son ironie. Jane révèle tout de même son art poétique à ses nièces et nous en apprenons ainsi davantage sur son travail de romancière.
J'ai poursuivi mon parcours dans la vie de Jane par la lecture d'Un portrait de Jane Austen par David Cecil. Le début de ma lecture a été difficile: j'ai eu du mal à accrocher à cette biographique que je trouvais un peu scolaire et lente. Finalement, je suis ravie de l'avoir achevée. David Cecil trace un portrait flou à certains endroits de la romancière faute de témoignages ou d'écrits privés mais la biographie nous apprend énormément sur Jane Austen, sa famille, son époque et sa vision de la littérature. Peut-être que certaines informations ne sont pas analysées d'un point de vue objectif tant l'amour de David Cecil pour Jane Austen est grand, mais peu importe puisque le notre l'est tout autant. Nous nous demandons parfois où est la vérité derrière toute l'admiration de David Cecil qui semble peindre la Jane Austen idéale qu'il a imaginée en lisant ses romans. Jane Austen a voulu rester un mystère pour l'auteur de son époque en signant ses romans sous le pseudonyme "une dame". Des siècles après sa mort, elle semble encore plus inaccessible. Alors, finalement, chaque lecteur peut se construire sa propre Jane Austen.
Pourquoi ne pourrions-nous pas l'imaginer, comme David Cecil, intelligente, pétillante, pudique et drôle ?
"Chaque fois que son imagination commençait à travailler, un sourire se dessinait sur ses lèvres - et il ne les quittait jamais très longtemps. Ce sourire est la signature littéraire qui met un point final à chaque livre."
Fanny
Lu dans le cadre du challenge A year in England chez Titine.
18:35 Publié dans A year in England, Biographie, Challenges, Jane Austen, Les classiques, Livres | Lien permanent | Commentaires (8)
20/02/2016
Tess d'Urberville, Thomas Hardy
Ivre, John Durbeyfield rentre la nuit chez lui lorsqu'il croise le pasteur de la région qui lui apprend qu'il est un descendant d'une illustre famille désormais éteinte: les d'Urberville. John n'a alors qu'une obsession: retrouver le prestige de ses ancêtres et le rang auquel il estime avoir droit. Ainsi, il n'hésite pas à faire culpabiliser sa fille qui a commis la faute de s'endormir en route et d'avoir eu un accident avec le cheval afin de l'envoyer chercher du travail auprès des derniers d'Uberville puissants de la région. Tess travaille et vit chez Alec d'Urberville et sa mère. Alec d'Urberville est un dangereux séducteur qui mènera Tess à sa perte.
Tess décide de fuir Alec malgré les voeux de ses parents qui souhaitent la marier à Alec. Tess, considérée comme impure par la société, sujet de ragots dans le village et jugée idiote par ses parents, trouve un travail dans une laiterie et essaie de se faire oublier. Elle rencontre alors de jeunes laitières qui vont devenir ses amies mais aussi Angel Clare, un fils de pasteur qui souhaite devenir fermier et qu'elle a déjà croisé des années auparavant.
Tess d'Urberville a tout pour séduire et fut un véritable coup de coeur pour moi. Tout est beau et tragique dans ce roman. Tout d'abord, l'Angleterre du Sud est magnifiée par Thomas Hardy qui décrit de vastes paysages et des scènes champêtres dans lesquelles, loin des clichés, les paysans ne sont pas des idiots lourdauds. Les personnages sont riches et notre regard ne cesse de se paufiner sur leur caractère. Tess est une héroïne qui force le respect: sa générosité, sa force de caractère et son abnégation sont sans failles. Angel Clare et Alec d'Urberville sont les deux personnages masculins opposés: l'un cherche la pureté, l'autre pourrait être la figure du diable. Les deux hommes sont intéressants pour le lecteur et bouleverseront l'existence de Tess. Les parents de Tess sont exaspérants et nous donnent des envies de meurtre.
Thomas Hardy nous livre une grande et belle tragédie. Le lecteur sait que l'histoire se terminera mal mais la fin reste surprenante et la fatalité a un grand rôle. La rencontre de Tess et d'Angel est et devait être trop tardive, Tess devait d'abord rencontrer Alec pour son plus grand malheur. C'est la fatalité qui poursuit Tess qui est constamment coupable: coupable d'avoir tué le cheval, coupable d'avoir eu une relation sexuelle avec Alec, coupable de mensanges et de calculs. Elle est forcément coupable parce qu'elle est née femme. Thomas Hardy nous montre la vie cruelle et injuste que menaient les femmes au XIXe siècle dans une société qui les malmenait. Pendant ma lecture je pensais sans cesse à la phrase de Hobbes: "l'homme est un loup pour l'homme" mais dans Tess c'est surtout l'homme qui est un loup pour la femme. Et certaines femmes, comme la mère de Tess, sont encore des loups pour leurs semblables. Enfin, Dieu n'est pas là comme le rappelle Thomas Hardy et rien ne va. Tess ne peut attendre aucune aide, ni des hommes intolérants ni d'un être tout puissant.
Après Loin de la foule déchaînée, j'attendais énormément de Thomas Hardy et je n'ai pas été déçue. Tess d'Urberville et l'écriture poétique de l'auteur sont de un véritables coups de coeur.
" Tout à coup, un après-midi, regardant sa beauté dans la glace, elle se mit à penser qu’il existait encore une date bien plus importante pour elle, la date de sa propre mort, quand ses charmes auraient disparu : jour caché, invisible et sournois parmi tous ceux de l’année, qui passait devant elle sans donner de signe et n’en était pas moins sûrement là. Quel était-il ? Pourquoi, quand venait chaque année, ne sentait-elle pas le frisson de cette froide et familière rencontre ?
Comme Jeremy Taylor, elle songeait que, dans l’avenir, ceux qui l’auraient connue diraient : « C’est le tant…, le jour où est morte cette pauvre Tess Durbeyfield », et ces mots ne leur sembleraient pas étranges. De ce jour destiné à être le terme de son voyage dans le temps à travers les âges, elle ne connaissait ni le mois ni la semaine ni la saison ni l’année."
J'espère pouvoir voir rapidement les versions de Roman Polanski et de la BBC. Les avez-vous vus ? J'aimerais également lire Jude l'Obscur d'ici peu.
Lu dans les cadres des challenges du XIXe siècle chez Fanny, des 100 livres à lire au moins une fois chez Bianca et A year in England chez Titine.
Fanny
29/01/2016
Un flair infaillible pour le crime, Ann Granger
Dans ce quatrième volume des enquêtes de Lizzie et Benjamin Ross, le jeune couple est confronté au meurtre d'un homme vivant dans leur rue : Thomas Tapley. Le vieux monsieur aimable et sans histoires a été sauvagement assassiné dans sa chambre qui lui était louée par une femme d'un certain âge et irréprochable. Qui aurait bien pu s'acharner à ce point sur le corps de cet homme modeste et discret ? La victime ne semblait avoir aucun ennemi, le crime ne semble motivé par aucun mobile et pourtant il a bien eu lieu. Un mystère plane sur le passé du vieux monsieur qui s'est montré étrangement silencieux sur sa jeunesse. Comment a-t-il trouvé une chambre à louer chez une femme respectable sans avoir de recommandations ? Comment occupait-il ses journées dans Londres ? Pourquoi paraissait-il pauvre alors qu'il payait toujours son loyer à temps et qu'il avait de l'argent pour ses loisirs ? Autant de questions que Benjamin et Lizzie vont se poser et qui vont les mener jusqu'à des révélations sur le passé "scandaleux" de la victime.
Après ses révélations sur la jeunesse de Thomas, les assassins potentiels et les mobiles du meurtre pleuvent et le couple Ross ne sait plus qui suspecter.
J'adore cette série et je ne m'en lasse pas ! J'ai aimé de nouveau retrouver le couple qui évolue au fil des volumes. Installée à Londres en tant que Madame Ross, Lizzie essaie désormais de se faire une place à Scotland Yard auprès de son mari et incite le surintendant Dunn à embaucher des femmes dans la police. La relation de Lizzie et de Bessie, sa femme à tout faire, est également développée et je trouve que la jeune fille qui n'a pas la langue dans sa poche est attachante. J'ai également apprécié l'ambiance de Londres au XIXe siècle.
Comme les volumes précédents, l'intrigue n'est pas inoubliable et Ann Granger ne cherche pas à écrire le roman policier du siècle mais elle nous offre un un très bon moment de lecture. C'est un plaisir de chercher l'assassin dans les rues de Londres en compagnie de Lizzie et Benjamin !
Pour conclure, cette série est une petite pépite que je retrouve toujours avec joie !
Lu pour le challenge A years in England chez Titine et pour le challenge XIXe siècle chez Fanny !
Fanny
18:05 Publié dans A year in England, Challenge XIXe siècle, Challenges, Les contemporains, Livres | Lien permanent | Commentaires (12)
02/01/2016
And then there were none, BBC et Agatha Christie
And then there were none est une adaptation de la BBC de Dix petits nègres d'Agatha Christie. Cette mini-série compte trois épisodes de 55 minutes environ. La chaîne britannique a adapté ce célèbre roman à l'occasion des 125 ans de la naissance de la reine du crime.
Dix hommes et femmes sont invités par courrier à retrouver Monsieur et Madame Owen sur l'Ile du soldat, une île qui se trouve sur les côtes du Devon.
Ils sont médecin, juge, secrétaire, général, dévote, dandy, officier de police, militaire et ne se connaissent pas. Ils n'ont jamais vu leurs hôtes. Arrivés sur l'île, Monsieur et Madame Owen sont absents et un couple de domestiques les attend. La maison des Owen est la seule sur l'île. Alors que les dix convives se trouvent dans la même salle, un disque accuse chaque convive d'avoir tué une ou plusieurs personnes. Chaque invité nie les accusations portées par la mystérieuse voix enregistrée sur le disque mais l'un des convive meurt subitement alors qu'il boit un verre d'alcool. Tous croient que le dandy est mort à la suite d'une trop grande consommation de drogue mais lorsque Véra découvre qu'une des statuettes du salon a disparu et qu'il n'en reste que neuf, elle soupçonne un meurtre. Une chanson se trouvant dans chaque pièce de la maison annonce le crime de chaque convive ....
J'ai lu Dix petits nègres à 12 ans et ce fut une révélation. J'attendais une adaptation digne du roman d'Agatha Christie et c'est chose faite avec And then there were none !
Le casting est impressionnant et les acteurs sont tous convaincants. Ceux et celles qui ont l'habitude de regarder des productions de la BBC vont retrouver certains acteurs présents dans Meurtre à Pemberley ou Jane Eyre : Maeve Dermody, Anna Maxwell Martin, Sam Neil et Toby Stephens (mon Rochester favoris). J'ai particulièrement aimé la manière de dresser les portraits des personnages grâce à des flash-back pour nous faire comprendre leur passé et leur personnalité.
Le suspens est intense et l'atmosphère angoissante est très bien rendue: la mer déchaînée, les orages qui coupent l'électricité, le bruit du vent dans les arbres, des meurtres sanguinolents et des personnages tous plus inquiétants les uns que les autres. Ce qui est véritablement moderne dans cette adaptation c'est la tension psychologique que le spectateur ressent même s'il connait le nom du meurtrier.
Cette adaptation est une réussite et je vous la conseille vivement !
Fanny
Vu dans le cadre de A year in England chez Titine !
19:25 Publié dans A year in England, Film | Lien permanent | Commentaires (12)