Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24/12/2014

Noël à Thompson Hall, Anthony Trollope

 

9782851977373FS.gif

Noël à Thompson Hall regroupe quatre nouvelles d'Anthony Trollope dont deux se déroulent à noël.

Dans la première nouvelle, Noël à Thompson Hall, Mrs Brown cherche par tous les moyens à persuader son mari de se rendre en Angleterre, dans sa famille, pour fêter Noël. Cela fait huit ans que Mrs Brown n'a pas fêté Noël dans sa famille et dans son pays mais cette année elle ne cèdera pas aux caprices de son mari !Cette nouvelle multiplie les quiproquos et les malentendus qui feront sourire le lecteur et qui lui rappelleront une comédie de boulevard.

Dans La Jeune fille du télégraphe, Lucy, jeune femme modeste mais possédant une détermination exemplaire, rencontre des difficultés financières lorsque son frère décède et qu'elle doit devenir indépendante. Cette héroïne, petite soeur de Jane Eyre, force l'admiration par sa modernité, son indépendance et son regard sur la condition féminine. Elle deviendra une amie mais aussi une sorte de guide pour Sophy, jeune fille cherchant un mari. Un nouveau voisin viendra perturber l'équilibre et l'entente entre les deux jeunes femmes colocataires.

Dans la nouvelle Alice Dugdale, Trollope fait encore la part belle aux jeunes femmes volontaires, déterminées et indépendantes. Alice Dugdale, jeune fille modeste s'occupant des enfants de sa belle-mère, est courtisée par le major Rossiter, jeune militaire admiré dans toute la région. Néanmoins, la mère de ce jeune homme a pour ambition d'avoir pour belle-fille une jeune femme en vue et non une modeste fille de médecin. Rossiter s'éloigne de son amour de jeunesse, Alice, pour passer des séjours chez l'important couple Wanless et ses nombreuses filles. Madame Wanless cherchera à marier l'une des filles, la plus belle bien entendu, à Rossiter au grand regret d'Alice. Le major ne saura plus quelle jeune femme épouser...

Les deux héroïnes de Plumplington met en scène Polly, fille d'un commerçant ayant fait fortune et Emily, fille d'un riche banquier. Ces deux jeunes femmes ont un point commun: elles veulent toutes deux épouser un homme que leur père juge d'une condition inférieure. Polly et Emily s'allient pour déjouer les plans de leur père respectif afin d'épouser les hommes qu'elles aiment. Aidées par le pasteur de la ville, elles ont l'ambition de faire céder leurs pères avant les fêtes de Noël !

 

L'objet livre est très beau: la couverture est magnifique et la maison d'édition L'Herne a glissé dans les nouvelles de belles illustrations de petite taille mais aussi sur des pages entières.

Ce recueil de Trollope fut ma première lecture de cet auteur que je lirai de nouveau avec plaisir ! Sans être inoubliables, ces nouvelles furent plaisantes à lire. J'ai particulièrement aimé me plonger dans les nouvelles ayant pour cadre les fêtes de Noël. Enfin, Trollope dresse de beaux portraits de personnages féminins résolument modernes et indépendantes.

Fanny

 

Lu dans le cadre du Challenge XIX siècle chez Fanny2071237519.png

02/11/2014

Nord et Sud, Elizabeth Gaskell

Nord et Sud.jpg

Suite au mariage de sa cousine avec laquelle elle a été élevée à Londres, Margaret Hale retourne vivre auprès de ses parents. Elle retrouve son village d’enfance : Helstone, où elle goûte et apprécie une vie plus calme faite de grandes promenades. Cette nouvelle vie à la campagne se retrouve vite bouleversée quand son père, pasteur, décide de quitter sa paroisse car il éprouve des doutes quant à l’église qu’il sert. La famille Hale doit donc quitter Helstone et emménage à Milton sur les conseils du vieil ami de la famille, Mr. Bell, qui voit là-bas l’endroit idéal pour permettre à Mr. Hale de se reconvertir en professeur privé. Ce déménagement est un choc pour l’ensemble de la famille car Milton, ville du nord de l’Angleterre, est une ville industrielle spécialisée dans le textile et offre ainsi un environnement et un mode de vie très différents de ce que la famille a pu connaître jusqu’alors. Margaret découvre progressivement les tensions qui existent au sein de Milton entre patrons et ouvriers. Au hasard de ses promenades elle se lie d’amitié avec une famille d’ouvriers, les Higgins, dont la fille Bessy est malade à cause des poussières de coton. A travers sa relation avec cette famille, Margaret découvre la misère et les conditions de travail difficiles des ouvriers. Elle est aussi amenée à côtoyer les grands patrons de Milton, et plus particulièrement Mr. Thornton, jeune patron brillant et élève de son père. Les relations entre Margaret et Mr. Thornton sont difficiles et marquées par l’incompréhension. Si Mr. Thornton essaye d’expliquer et justifier ses convictions de patron, il ne parvient pas à convaincre Margaret qui le voit comme un responsable de la vie difficile et tragique des ouvriers. Une série de malentendus va également venir perturber les relations entre Margaret et Mr. Thornton et rendre une possible entente encore plus incertaine.

 

J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman et l’ai trouvé avant tout très intéressant. A travers l’opposition entre le nord et le sud de l’Angleterre, Elizabeth Gaskell nous dépeint le conflit entre deux classes, les patrons et les ouvriers. Bien que dépendantes l’une de l’autre, ces deux classes se déchirent et s’affrontent. Ceci nous est dépeint en grande partie grâce aux discussions politiques entre Margaret et Mr. Thornton, dans lesquelles les deux personnages s’opposent et, à travers eux les patrons et les ouvriers, que Margaret défend avec passion. Ce contexte est ainsi un vrai appui pour l’histoire et l’intrigue mais il présente également un intérêt en lui-même et permet au lecteur de se plonger dans la révolution industrielle anglaise.

Tout au long du roman, le lecteur découvre de nombreux personnages, dont certains très attachants, comme par exemple Bessy ou l’amusant Mr.Bell. J’ai également beaucoup aimé les personnages de Margaret et Mr. Thornton, qui forcent l’admiration chacun à leur façon car ils sont tous deux très forts mais aussi parfois vulnérables, ce qui les rend également très attachants. Je dois aussi dire que j’ai beaucoup aimé retrouver en eux et dans leur histoire un peu de Lizzie et Mr. Darcy…:)

 

Je suis ravie d’avoir (enfin !) découvert Elizabeth Gaskell et me réjouis à présent de lire ses autres romans ! En attendant je vais vite me jeter sur les adaptations de Nord et Sud car elles me font de l’œil depuis un bon moment !

Emilie 

 

Lu dans le cadre du challenge Les 100 livres à lire au moins une fois chez Bianca et dans le cadre du challenge XIXe siècle chez Fanny !   

 

Challenge XIX.jpgChallenge 100 livres.jpg

19/10/2014

L'Hôtel Stancliffe, Charlotte Brontë

téléchargement (1).jpg

Sachant que je voue un culte aux soeurs Brontë et que Jane Eyre et Les Hauts des Hurlevent comptent parmi mes romans préférés, ma partenaire de blog, Emilie, a eu la bonne idée de m'offrir L'Hôtel Stancliffe pour mon anniversaire.

C'est à Zamorna, royaume fictif, et plus précisément à l'Hotêl Stancliffe que se déroule l'action. Le lecteur accompagne le narrateur,  Charles Townshend, lors de ses nouvelles rencontres et retrouvailles avec une galerie variée de personnages.

Ce court roman n'est pas aisé à lire car il n'a pas d'intrigue forte ni de personnages attachants. Plusieurs scènes et tableaux semblent se succéder sans avoir une finalité claire.

220px-Charlotte_Brontë.jpg

L'inspiration de ce récit trouve ses origines dans l'enfance de Charlotte Brontë: son jeune frère, Branwell, reçut des soldats de plomb qu'il partagea avec ses trois soeurs. Les soldats de plomb déclenchèrent des jeux d'écriture et les enfants rédigèrent les aventures de leurs héros et inventèrent des royaumes fictifs. Ils formèrent alors des binômes d'écriture: Charlotte et Branwell d'un côté et Emily et Anne de l'autre.

Dans L'Hôtel Stancliffe, le lecteur retrouve le royaume et de les personnages inventés par Charlotte et Branwell.

Même si le lecteur passionné de Jane Eyre ou de Villette ne retrouvera pas la magie de ces romans, il ne peut qu'admirer les qualités de l'écriture de Charlotte Brontë qui n'a que vingt-deux lorsqu'elle rédige L'Hôtel Stancliffe. Je ne conseille pas ce roman aux lecteurs qui voudraient découvrir Charlotte Brontë mais il peut être intéressant pour les initiés.

 Fanny

 

Lu dans le cadre du Challenge XIXe siècle chez Fanny ! challenge-xixe.jpg

14/09/2014

Vipère au poing, Hervé Bazin

vipere-au-poing-349-250-400.jpg

 

Ecrit en très peu de temps, comme si l'auteur ressentait une nécessité pressante de vomir son enfance, Vipère au poing est un long cri de haine d'un adolescent contre sa mère. Cette mère, plus diabolique et malfaisante que toutes les belles-mères des contes de Perrault, surgit dans la vie de ses deux garçons élevés par leur grand-mère à la suite de la mort de cette dernière et s'installe dans le domaine familiale avec un père démissionnaire et un petit frère inconnu.

La tragédie commence alors et Folcoche, c'est ainsi que ses trois fils la surnomment, empoisonne la vie de ses enfants en leur faisant subir toutes sortes de tortures: elles les bat, les prive de nourriture, de chauffage... Faible, le père préfère s'enfermer dans son bureau pour épingler et étudier toutes sortes de mouches et ferme les yeux sur ce qu'il se passe sous son toit. Les trois frères décident alors de contrer les plans de leur mère et Jean (le deuxième enfant qui n'est autre qu'Hervé Bazin) devient le chef de l'opposition.

Dans ce roman largement autobiographique, Hervé Bazin raconte les souffrances enfantines qui n'ont pas été sans conséquences sur sa vie d'adulte et sur son rapport aux autres. La haine et la méfiance furent les premiers sentiments dans son coeur d'enfant et ils laissent des traces indélébiles dans sa vie d'adulte. Ce roman est inoubliable car il crée une figure maternelle comme on a peu l'habitude d'en croiser mais aussi parce que loin de vouloir nous apitoyer sur son enfance, Hervé Bazin déploie une ironie mordante sur toutes choses: sur sa famille, sur la bourgeoise, sur tout ce qui a fait sa vie d'enfant et qu'il rejette en bloc. 

J'avais lu ce roman en classe 3e, il s'agissait donc d'une relecture pour moi. J'ai apprécié cette relecture qui m'as permise de découvrir ce roman avec un nouveau regard apporté par les années.

Ce roman montre avant toute chose aux adolescents qui le lisent que l'on survit à toute chose et que l'adulte n'en est que plus fort.

Le lecteur se souvient longtemps de cette lecture dans laquelle il voit un enfant soumis et humilié devenir un jeune homme qui avance une vipère à la main et qui brandit devant lui son enfance malheureuse surmontée.  

Fanny

07/08/2014

Avec vue sur l'Arno, E.M Forster

9782221135099.jpg

 

 Lucy Honeychurch, jeune fille de la bonne société, voyage à Florence en étant accompagnée par une cousine vieille fille. Tout débute par un souci d'ordre pratique: Lucy et sa cousine avaient réservé dans leur pension des chambres avec vue sur l'Arno seulement voilà, les chambres sont déjà occupées par un monsieur jugé grossier par les gens bien comme il faut et par son jeune fils: Les Emerson. Ces derniers, comble de l'impolitesse, proposent de laisser leur chambre avec vue sur l'Arno aux demoiselles qui acceptent finalement en étant choquées par leur comportement. Suite à cette rencontre inconvenante, Lucy et sa cousine découvrent Florence et rencontrent une série de personnages tous porteurs de la bonne morale. Florence offre à la jeune fille une éducation sensible et sensuelle qui empiète peu à peu sur l'éducation stricte qu'elle a reçue depuis son enfance. Alors que Lucy est témoin du meurtre d'un Italien lors de l'une de ses escapades en ville, elle s'évanouit et George Emerson la ramène à la pension. Il ose lui voler un baiser. Honteuses, Lucy et sa cousine quittent Florence pour Rome.

Une ellipse temporelle nous permet de retrouver Lucy fiancée à Cecil, un jeune homme snob et prétentieux qui méprise sa famille, ses connaissances et son éducation. Cependant, Lucy n'est plus la même depuis Florence et le retour des Emerson qui louent une maison tout près de la sienne va semer des doutes dans l'esprit de l'héroïne.

J'ai trouvé que les cent premières pages du roman étaient un peu longues car les actions sont très peu nombreuses et les conversations lentes mais cette lenteur est nécessaire pour permettre au lecteur de se plonger dans cet univers du début du XXe siècle étouffé par une successions de conventions qui rendent la vie pesante.  L'auteur use également de l'humour pour se moquer de cette société. Le reste du roman est un délice. Certaines pages, particulièrement sur la condition des femmes, sont sublimes. Le lecteur prend plaisir à suivre l'apprentissage de Lucy qui doit se trouver et s'affirmer mais qui doit également faire un choix entre deux hommes et deux conceptions de la vie. Enfin, les personnages ne laissent jamais indifférents, certains sont détestables et d'autres admirables comme Monsieur Emerson ou drôles comme le frère de Lucy. Avec vue sur l'Arno est donc un très beau roman à lire au plus vite.

Fanny

Lu dans le cadre du challenge Les 100 livres à lire au moins une fois chez Bianca

1345539106.jpg

 

 

22/07/2014

Villette, Charlotte Brontë

archi villette.jpg

 

Villette débute par la jeunesse de Lucy Snowe, jeune orpheline anglaise, qui rend visite à sa marraine et à son fils alors qu'ils accueillent une enfant noble du nom de Polly. Le temps passe sans que le lecteur entende reparler de cette famille et de cette petite fille. Après le décès de la vieille dame qui employait Lucy comme dame de compagnie, notre héroïne se trouve confrontée à de nouvelles épreuves. Etant orpheline, désespérément seule mais courageuse et déterminée, Lucy décide de s'embarquer pour un pays francophone et qui lui est inconnu, Villette, afin d'y trouver une place de dame de compagnie. C'est finalement en tant qu'enseignante d'anglais qu'elle est employée dans le pensionnat pour jeunes filles de Villette. Lucy connaît divers tourments d'ordre psychologique tout d'abord, elle est victime d'une dépression et souffre de son isolement mais elle vit également avec des personnages mystérieux auxquels elle ne peut se fier à l'exemple de sa patronne qui fouille dans ses affaires. Un professeur, M. Paul la malmène mais de vieilles connaissances vont refaire surface, extirper Lucy de son mal être et elle découvrira alors que les choses et les hommes ne sont pas ce qu'ils semblent être.

 

Ma lecture s'est faite en demi-teinte: j'ai adoré le début et la fin du roman mais certains passages du roman m'ont semblé bien longs et en particulier les chapitres consacrés aux différends religieux qui opposent Lucy, anglaise et protestante, aux habitants et professeurs catholiques de Villette. Virginia Woolf et George Eliot considèrent Villette comme supérieur à tous les autres romans de Charlotte et je peux comprendre pourquoi sous certains aspects.

L'écriture, comme toujours avec les Brontë, est magnifique. J'ai apprécie l'héroïne mais je sais que c'est surtout parce qu'elle n'est pas sans rappeler Jane Eyre en étant moins passionnée et plus austère. Lucy, de par son caractère et de par sa place dans la société, ressemble à Jane Eyre: elle possède la même modestie et discrétion mais également la même détermination et la même force de caractère. Elle n'est pas sans rappeler également Charlotte Brontë elle-même: elles sont parties toutes deux vivre dans un pays étranger pour apprendre leur métier (la Belgique pour Charlotte), elles rêvent toutes deux de fonder leur propre école et elles vivent dans la même solitude puisque Villette est le dernier roman de Charlotte.

Le roman porte alors toute la détresse de l'auteur vivant seule avec son père et avec les fantômes de ses soeurs et de son frère disparus. Rien que pour ce désespoir palpable de l'héroïne et dans lequel on reconnaît celui de l'auteur le livre vaut la peine d'être lu.

Villette est une sorte de miroir dans lequel Charlotte s'est regardée et dans lequel nous sommes heureux de pouvoir la voir aujourd'hui. 

Fanny

 

Roman lu dans le cadre du Challenge XIXe siècle chez Fanny  19 e.png

 

 

22/06/2014

Autant en emporte le vent, Margaret Mitchell

 

autant_emporte_vent1.png

 

 

Quel grand et beau roman ! Oh, que c'est beau ! Que vous aimiez ou non le film, il faut au plus vite lire ce chef-d'oeuvre qui a gagné définitivement sa place dans mon panthéon littéraire. C'est un immense coup de coeur.

L'héroïne de Autant en emporte le vent, Scarlett O'Hara, est une jeune fille du sud de la Géorgie qui fait tourner la tête de tous les garçons. Belle, pétillante, intelligente, séductrice et manipulatrice, elle est aimée de tous, sauf de celui qu'elle aime: Ashley Wilkes.

Le roman débute dans l'ambiance électrique des jours qui précèdent le début d'une guerre et par l'annonce des fiançailles d'Ashley avec la douce Mélanie au grand désespoir de Scarlett qui la méprise. Les bals, les pique-niques, les réceptions et les instants d'insouciance se succèdent et la vie est douce.

La guerre est alors annoncée: les hommes partent avec la fleur au bout du fusil et en étant persuadés de la supériorité de leur cause et de leur courage. Seul, le scandaleux et lucide Rhett Buttler prédit l'avenir et assure la défaite des sudistes par faute de moyens techniques.

Le roman devient alors une succession de faits et de déceptions déjà prédis par Rhett Butler au début de la guerre: les défaites guerrières s'accumulent, les femmes s'épuisent à l'arrière en soignant les blessés et les soldats ne font plus que semblant de croire en la cause qu'ils défendent. Le premier tome plonge le lecteur dans la guerre de Sécession et il devient l'ombre de Scarlett: il tremble avec elle lorsque les Yankees s'apprêtent à entrer dans Atlanta, il est profondément attaché à Mama, il se sent chez lui à Tara et il tombe même bien plus vite qu'elle sous le charme de Rhett Buttler en écartant Ashley dont l'image se dégrade petit à petit dans le roman.

 

Avec la guerre, un vent parsemé de poussière rouge s'est levé sur le sud et il a a tout emporté: des êtres aimés, l'innocence d'autrefois, la richesse des familles de planteurs, le mode de vie ancestral, l'orgueil d'être un sudiste et l'obsession de Scarlett d'être aimée par tous les hommes des environs se transforme en l'obsession de conserver Tara. Il ne reste rien du temps passé et heureux.

Le deuxième tome montre au lecteur l'écroulement de la civilisation du sud après la défaite des conférés. Peu de roman ont pour sujet la destruction et la chute du mode de vie d'une population et du malaise qu'il provoque. La plupart des personnages ne savent plus comment se placer dans cette vie qui a tant changé depuis la fin de la guerre. Scarlett se bat alors, renonce à son orgueil et développe un fol instinct de survie pour conserver Tara qui est devenue sa raison de vivre.

Le dernier tome est plus triste puisque son héroïne est un peu moins flamboyante. Scarlett se retrouve confrontée aux sanctions d'après guerre des Yankees et aux nouvelles lois qui sont imposées au sud et qui se révèlent plus difficiles à supporter que la guerre elle-même. Peu à peu, Scarlett enchaînent les scandales et tous lui tournent le dos excepté la fidèle et constante Mélanie dont le courage finit même par être admiré par Scarlett elle-même. Je ne dirais rien de la fin des aventures amoureuses de Scarlett pour ceux et celles qui n'ont pas vu le film.

blog.png

 

Scarlett, Mélanie, Rhett et Ashley sont les quatre personnages piliers du roman. Scarlett parfois détestable car peste et prétentieuse provoque l'admiration par sa grande force de caractère, par sa volonté et par sa capacité à s'adapter à toute chose et à se confronter avec courage aux épreuves. Mélanie, réservée et douce n'en est pas moins aussi courageuse que Scarlett même si elle l'est de manière plus discrète. Elle voit le bien partout et force l'admiration de Rhett mais ne reçoit que le mépris de Scarlett qui se transforme finalement en amour au fil du roman. Ashley n'est que peu attachant: c'est un homme du passé et qui n'a pas assez de courage et d'instinct de survie pour quitter ses illusions. Rhett est le double masculin de Scarlett: orgueilleux et intelligent, il sait survivre dans n'importe quelle condition. Moqueur et scandaleux, il fait sortir Scarlett de ses gonds et un jeu du chat et de la souris s'installe entre eux. Nous rencontrons également une foule de personnages haut en couleur: la généreuse Mme O'Hara, le tempétueux M. O'Hara portant en lui un amour passionné de la terre, l'attachante et formidable Mama ou encore l'insupportable Melle Pitty qui manque de s'évanouir à chaque instant.

 

La manière d'évoquer l'esclavage et de désigner les hommes noirs peut parfois choquer ou mettre mal à l'aise le lecteur. Le parti pris pour le sud et pour l'esclavagisme est indéniable mais l'auteur ne met jamais de côté le fort attachement et les sentiments de loyauté qui existent des deux côtés.

 

C'est un roman riche et fort sur l'amour d'une terre et d'une région, sur un grand amour compris trop tard, sur les liens familiaux que rien ne détruit et sur la destruction d'un monde et d'une civilisation. La plume de Margaret Mitchell est à l'image de son héroïne, elle a du caractère et elle est belle. C'est un monument à lire au plus vite !

 

blog1.png

 

" Mais maintenant elle savait que, s'il l'avait fallu, Mélanie aurait descendu l'escalier l'arme levée et aurait tué le Yankee... ou bien se serait fait tuer.

Oui, Mélanie s'était trouvée là, un sabre dans sa petite main, prête à se battre pour elle. Et maintenant que Scarlett promenait un regard triste sur les années écoulée, elle se rendait compte que Mélanie s'était toujours trouvée à ses côtés, le sabre à la main, discrète comme une ombre, aimante, luttant pour elle avec une loyauté passionnée, combattant les Yankees, le feu, la faim, la pauvreté, l'opinion publique et même ses parents qu'elle chérissait."

Fanny  

 

Lu dans le cadre du challenge Les 100 livres à lire au moins une fois chez Bianca et dans le cadre du challenge XIXe siècle chez Fanny !                                           

     9b4n.jpg                       1900504058.jpg