30/11/2014
La lumière des étoiles mortes, John Banville
J'ai acheté ce roman sans connaître son auteur après avoir eu un coup de coeur pour son titre poétique, pour la quatrième couverture et pour une citation du roman parce qu'elle touche une des questions existentielles qui me bouleverse :
" Où tout cela va-t-il donc quand nous mourons, tout ce que nous avons été ? "
Ce roman plonge le lecteur dans deux époques bien distinctes de la vie du narrateur, Alex, qui part à la recherche du temps perdu et se remémore avec certaines difficultés l'été qu'il passa avec son premier grand amour: la mère de son meilleur ami âgée de 35 ans alors qu'il n'en avait que 15. L'auteur nous plonge dans les mécanismes et les méandres de la mémoire qui nous joue des tours, brouille les cartes, nous fait oublier le plus important ou encore ne fixe que les détails insignifiants.
Petit à petit, les souvenirs laissent la place au présent du narrateur, ancien comédien de théâtre, qui expérimente les plateaux de cinéma et qui traîne derrière lui le fardeau de la disparition de sa fille unique, Cass, morte dix ans plus tôt. Puis, le roman trouve un équilibre entre évocation du passé et récit du présent.
La fin du roman est sublime, poignante et laisse un petit pincement au coeur du lecteur.
Les réflexions de l'auteur sur les souvenirs, sur le passé parfois plus vivant que le présent et sur la mort ont su véritablement me toucher et trouveront sûrement un écho chez tous les lecteurs.
L'écriture de John Banville est sensible, délicate et poétique. Tout a su me toucher dans ce roman : les personnages, l'intrigue, les thèmes et l'écriture.
La lumière des étoiles mortes est un très beau roman que je ne risque pas d'oublier et qui ouvre la voie à de prochaines lectures de cet auteur !
"En quel royaume éternel, dois-je croire, lequel dois-je choisir? Aucun, puisque tous mes morts sont tous vivants dans mon coeur, moi pour qui le passé est un présent plus lumineux et éternel; vivants pour moi et néanmoins disparus, sinon dans le fragile au-delà de ces mots."
Roman lu en lecture commune avec Claire !
Fanny
21:28 Publié dans Les contemporains, Livres | Lien permanent | Commentaires (7)
16/11/2014
Sylvestre s'en va-t-en guerre, Stéphane Henrich
Présentation de la maison d'édition: La Grande Guerre... une horreur absolue que nous avons tous, quel que soit notre âge, bien du mal à comprendre. Sylvestre, pigeon voyageur à la retraite, sera réquisitionné pour servir sa patrie. De son regard de volatile émerge une perception de la guerre qui est à la fois candide et terrible.
Mon avis: Je remercie tout d'abord la maison d'édition Kaléidoscope et Babelio pour l'envoi de cet album et pour cette agréable découverte.
Sylvestre s'en va-t-en guerre est un joli album qui cherche à expliquer la guerre aux plus jeunes. Les lecteurs suivent Sylvestre, un pigeon voyageur, et son ami Léon. Ce dernier est un fleuriste qui a sauvé Sylvestre blessé par un chasseur.
Alors qu'un ordre de mobilisation est placardé en ville, Sylvestre et Léon s'apprêtent à reprendre du service et notre pigeon voyageur quitte Célestine, sa fiancée.
Le début de la guerre et l'innocence des soldats persuadés que la guerre sera de courte durée sont très bien retranscrits. Notre héros préfère la compagnie des hommes à celle de ses semblables et le lecteur découvre à travers ses yeux la vie des soldats dans les tranchées et leurs sentiments face à cette guerre qu'ils trouvent désormais trop longue.
Cet album choisit des mots simples mais efficaces pour conter différentes étapes importantes de la première guerre mondiale. Je trouve que Stéphane Henrich a montré d'une manière très intéressante l'évolution de l'état d'esprit des soldats.
Les dessins sont très jolis et ils ne sont pas sans rappeler ceux de Sempé, en particulier pour les dessins des humains. J'ai également aimé le titre qui fait référence à la célèbre chanson et au film Johnny s'en va-t-en guerre.
Je pense que les enfants sont sensibles aux détails et s'en amusent. J'ai trouvé certains détails attendrissants comme cette petite souris qui se cache dans plusieurs dessins des tranchées. Ils sont également instructifs dans cet album comme par exemple l'assassinat de l'archiduc annoncé par un journal tenu par un personnage secondaire.
L'amitié entre l'animal et l'homme saura également toucher les enfants. Les animaux sont humanisés et leur destin est lié à celui des hommes. Ainsi, les pigeons blessés sont couchés aux côtés des soldats tombés sur le champs de bataille et les plumes ou fleurs présents dans le pigeonnier à la place d'un animal abordent d'une manière délicate la mort.
Pour conclure, Sylvestre s'en va-t-en guerre est un très joli et très intelligent album à mettre entre les mains de tous les enfants.
Fanny
Album lu grâce à Babelio et à la maison d'édition Kaléidoscope !
Lu dans le cadre du challenge Première guerre mondiale organisé par Claire !
19:35 Publié dans Challenge Première Guerre mondiale, Livres, Livres pour enfants, Partenariats | Lien permanent | Commentaires (2)
15/11/2014
Je voulais te dire, Louisa Young
Je remercie tout d'abord Madame Liebow et les éditions Baker Street de m'avoir envoyé ce roman et de m'avoir ainsi fait découvrir cette histoire.
Tout débute par pur hasard lorsque Riley reçoit une boule de neige en plein visage dans Kensington garden. Cette boule de neige a été lancée par le cousin de Nadine Waveney et permet la rencontre entre deux enfants qui ne se quitteront plus. Riley et Nadine viennent de deux milieux que tout oppose: il appartient à la classe ouvrière alors qu'elle est bourgeoise. Pourtant, Riley intègre petit à petit le monde de Nadine en travaillant pour Sir Alfred, un peintre ami de la famille Waveney et développe ainsi des ambitions inhabituelles pour sa classe sociale.
Nadine et Riley deviennent de jeunes gens et leur amitié enfantine se transforme en amour impossible. La famille de Nadine, qui s'était attachée à Riley lorsqu'il était enfant, ne voit plus d'un très bon oeil le jeune homme qu'il est devenu et s'oppose à l'idée d'une quelconque relation amoureuse. Lorsque la guerre est déclarée, Riley, comme tous les autres, est persuadé qu'elle sera courte et il s'engage pour toute la durée de la guerre. Il semble prendre cette décision déterminante sur un coup de tête car il considère son amour pour Nadine comme impossible et il ne désire pas l'ennuyer avec ses sentiments.
La guerre engendre une multitude de rencontres et le lecteur découvre alors de nouveaux personnages comme Peter le supérieur de Riley dans les tranchées, Julia son épouse vivant à l'arrière et cherchant inlassablement à se perfectionner physiquement pour le retour de son mari mais aussi Rose, cousine de Peter, qui est une infirmière courageuse et n'espérant plus se marier.
Les destins de ces deux couples et de Rose ne cesseront alors plus de se croiser pendant la guerre mais aussi après.
Je découvre Je voulais te dire après avoir lu le second tome, Ravage, mais je retrouve avec joie les personnages. J'ai passé un agréable moment avec ce livre et j'ai toujours aimé suivre le destin de ses personnages même si je connaissais par avance ce qu'ils allaient devenir.
Louisa Young aborde d'une manière originale la première guerre mondiale en s'intéressant au travail de la médecine et aux progrès effectués pour "rendre" un visage aux gueules cassées. J'ai particulièrement aimé les moments où Riley réapprend à vivre en communauté et à montrer son visage.
J'ai aussi beaucoup aimé le traitement de la condition féminine en temps de guerre. Les trois personnages féminins nous apportent trois points de vue différents sur la guerre et sur la place des femmes. Elles considèrent toutes les trois qu'il est nécessaire de s'engager et d'aider les blessés. Julia, qui n'en est pas capable, apporte un regard intéressant sur la société du début du XXe siècle et elle en est une des premières victimes. Elevée pour être belle et pour rendre heureux son mari, elle n'est plus rien lorsque son mari n'est plus là et qu'elle ne peut plus être admirée par d'autres hommes. Julia devient alors le symbole des femmes qui n'ont pas réussi à faire aussi ce pas de géant que la société a effectué en temps de guerre en donnant une place de premier choix aux femmes devenues chauffeuses d'ambulance, infirmières, travailleuses dans les usines ou encore agricultrices.
J'ai aimé découvrir à la fin du roman que certains personnages avaient existé et que Louisa Young a puisé son inspiration dans sa propre famille. Et enfin,étant une grande admiratrice et lectrice de James Matthew Barrie, le père littéraire de Peter Pan, j'ai été heureuse de retrouver l'auteur devenu personnage sous la plume de Louisa Young.
Fanny
Roman lu dans le cadre du lecture commune avec Claire, Fanny et Isabelle et du Challenge Première guerre mondiale organisée par Claire !
20:52 Publié dans Challenge Première Guerre mondiale, Les contemporains, Livres, Partenariats | Lien permanent | Commentaires (5)
12/11/2014
Tag 10 livres 10 lieux
Claire, du très beau blog The French book lover, a pensé à moi pour ce tag sympathique qui nous replonge dans nos souvenirs de lecture.
Voici le thème du tag:
L'endroit où on découvre un roman, où on le lit et où on l'aime reste longtemps gravé en nous. Faisons-les revivre durant quelques secondes.
J'aime beaucoup le thème de ce tag. Même si ma mémoire me joue des tours, je me souviens où je me trouvais pour les lectures marquantes. Finalement, je ne me souviens pas forcément des lectures que j'ai faites à des moments clés de ma vie mais je me souviens toujours des endroits où j'ai lu mes romans préférés.
1) Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier et Le Petit oiseau blanc de James Matthew Barrie (le premier roman dans lequel apparaît Peter Pan) , lus sur les marches devant mon lycée à ma rentrée de seconde en attendant le bus de 18 heures.
2) Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë, mon roman préféré lu dans la maison de mes parents en Provence. J'avais dix-huit ans et c'était la fin des vacances scolaires de février. Je me souviens de l'avoir terminé à deux heures du matin dans ma chambre alors qu'il pleuvait et qu'il y avait du mistral dehors: j'étais parfaitement dans l'ambiance du livre !
3) Orgueil et Préjugés et Mansfield Park de Jane Austen, lus dans la petite chambre de ma résidence après un journée de cours épuisants d' hypokhâgne. De véritables coups de coeur !
4) Les Frères Karamazov de Dostoïevski, lu dans la maison d'été de ma grande tante en Aquitaine où je me rends tous les étés en juillet. Lu dans la balancelle du jardin, assise sur le ponton du village ou sur le sable de la page. Culte !
5) Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, lu en avril dernier principalement sur les marches de la maison de mes parents avec vue sur le jardin et le champ d'oliviers. Re Culte !
6) Chez les heureux du monde d'Edith Wharton, premier Wharton lu durant mon séjour d'Erasmus à Madrid. Dévoré dans le métro, le jardin El Retiro et dans ma chambre. Quel livre !
7) Blonde de Joyce Carol Oates, lu durant un séjour à Séville et terminé dans l'avion qui me ramenait à Marseille.
8) Les Mouches de Jean-Paul Sartre, lu le weekend avant le bac. Je me souviens l'avoir cité dans ma copie de philosophie.
9) Zazie dans le métro de Queneau, terminé dans le train qui m'amenait à Tours pour passer les oraux du CAPES de lettres modernes.
10) Une chambre à soi de Virginia Woolf, lu dans le CDI de la bibliothèque de mon lycée durant l'année de Khâgne. Ma dissertation n'avait pas avancé mais j'avais découvert Virginia Woolf !
Et vous, dans quel lieu avait vous découvert certains livres ? Je découvrirai avec joie vos réponses et je tague plus particulièrement Emilie, mon acolyte de blog, Le Salon des lettres et Melleaurel
Fanny
14:08 Publié dans Tags et autres | Lien permanent | Commentaires (6)
02/11/2014
Nord et Sud, Elizabeth Gaskell
Suite au mariage de sa cousine avec laquelle elle a été élevée à Londres, Margaret Hale retourne vivre auprès de ses parents. Elle retrouve son village d’enfance : Helstone, où elle goûte et apprécie une vie plus calme faite de grandes promenades. Cette nouvelle vie à la campagne se retrouve vite bouleversée quand son père, pasteur, décide de quitter sa paroisse car il éprouve des doutes quant à l’église qu’il sert. La famille Hale doit donc quitter Helstone et emménage à Milton sur les conseils du vieil ami de la famille, Mr. Bell, qui voit là-bas l’endroit idéal pour permettre à Mr. Hale de se reconvertir en professeur privé. Ce déménagement est un choc pour l’ensemble de la famille car Milton, ville du nord de l’Angleterre, est une ville industrielle spécialisée dans le textile et offre ainsi un environnement et un mode de vie très différents de ce que la famille a pu connaître jusqu’alors. Margaret découvre progressivement les tensions qui existent au sein de Milton entre patrons et ouvriers. Au hasard de ses promenades elle se lie d’amitié avec une famille d’ouvriers, les Higgins, dont la fille Bessy est malade à cause des poussières de coton. A travers sa relation avec cette famille, Margaret découvre la misère et les conditions de travail difficiles des ouvriers. Elle est aussi amenée à côtoyer les grands patrons de Milton, et plus particulièrement Mr. Thornton, jeune patron brillant et élève de son père. Les relations entre Margaret et Mr. Thornton sont difficiles et marquées par l’incompréhension. Si Mr. Thornton essaye d’expliquer et justifier ses convictions de patron, il ne parvient pas à convaincre Margaret qui le voit comme un responsable de la vie difficile et tragique des ouvriers. Une série de malentendus va également venir perturber les relations entre Margaret et Mr. Thornton et rendre une possible entente encore plus incertaine.
J’ai vraiment beaucoup aimé ce roman et l’ai trouvé avant tout très intéressant. A travers l’opposition entre le nord et le sud de l’Angleterre, Elizabeth Gaskell nous dépeint le conflit entre deux classes, les patrons et les ouvriers. Bien que dépendantes l’une de l’autre, ces deux classes se déchirent et s’affrontent. Ceci nous est dépeint en grande partie grâce aux discussions politiques entre Margaret et Mr. Thornton, dans lesquelles les deux personnages s’opposent et, à travers eux les patrons et les ouvriers, que Margaret défend avec passion. Ce contexte est ainsi un vrai appui pour l’histoire et l’intrigue mais il présente également un intérêt en lui-même et permet au lecteur de se plonger dans la révolution industrielle anglaise.
Tout au long du roman, le lecteur découvre de nombreux personnages, dont certains très attachants, comme par exemple Bessy ou l’amusant Mr.Bell. J’ai également beaucoup aimé les personnages de Margaret et Mr. Thornton, qui forcent l’admiration chacun à leur façon car ils sont tous deux très forts mais aussi parfois vulnérables, ce qui les rend également très attachants. Je dois aussi dire que j’ai beaucoup aimé retrouver en eux et dans leur histoire un peu de Lizzie et Mr. Darcy…:)
Je suis ravie d’avoir (enfin !) découvert Elizabeth Gaskell et me réjouis à présent de lire ses autres romans ! En attendant je vais vite me jeter sur les adaptations de Nord et Sud car elles me font de l’œil depuis un bon moment !
Emilie
Lu dans le cadre du challenge Les 100 livres à lire au moins une fois chez Bianca et dans le cadre du challenge XIXe siècle chez Fanny !