Les Indociles, Murielle Magellan
08/02/2016
Résumé de la maison d'édition :
" Ce n'est pas une romance, pense Olympe. On ne voit rien d'elle que ses mains, et pourtant on a la sensation de son emprise sur lui. Pas de l'amour ; du pouvoir. Olympe scrute. Sonde. Dans sa chambre ronde, assise en tailleur sur son lit, l'ordinateur entre ses cuisses, Jean-Sébastien Bach dans le casque, elle agrandit l'image. Une main, un dos. C'est le sujet du peintre. À l'arrière-plan, c'est de l'aquarelle noire. Elle aime cette main de femme. Elle aime ce dos rose d'homme. Musclé mais rose bonbon. Elle voudrait être avec eux. Dans le tableau. Surtout dans ce qu'on ne voit pas du tableau. "
Les Indociles dressent le portrait plus vrai que nature d'un don Juan au féminin, créature irrésistible et vénéneuse, toute en contradictions. D'une grande finesse, ce roman, qui n'est pas sans rappeler Les Liaisons dangereuses, nous livre une belle réflexion sur l'amour et sur la création artistique.
Olympe est une trentenaire au sommet de sa carrière: sa galerie d'art à Paris connait un tel succès qu'elle en a ouvert une nouvelle à New York, ses goûts sont sûrs et son influence dans le milieu est grandissante. Elle ne vit que pour son travail et sa vie privée se résume à des relations nocturnes et légères avec des hommes et des femmes. Elle vit pour le plaisir que lui procure l'art et les corps d'amants ou de maîtresses plus ou moins réguliers ou de parfaits inconnus.
Elle rencontre des indociles, comme elle, qui vont bouleverser sa vie: Solal, le vieil artiste méprisant le monde de l'art qui, selon lui, n'existe que par et pour l'argent, Khalia, une jeune stagiaire gitane en rupture avec sa famille et Paul, un scientifique et un heureux père de famille.
Paul entre un jour dans sa galerie pour acheter un tableau pour sa femme mais se rend compte rapidement qu'il n'en a pas les moyen. Olympe va alors rechercher un tableau qu'il pourrait acquérir et en fouillant dans le téléphone de Khalia elle découvre un tableau qui l'interpelle. Accompagnée par sa stagiaire, elle se rend à Perpignan pour rencontrer le peintre. Elle veut acheter ses œuvres et organiser une exposition à Paris, mais le vieux monsieur a connu le monde des galeries parisiennes dans sa jeunesse et il en est dégoûté. Solal a aujourd'hui plus de 70 ans, ce n'est pas maintenant qu'il connaîtra la gloire. C'est trop tard, il n'en veut plus et méprise Olympe et tout ce qu'elle représente. Ce mépris de surface cache une véritable recherche de reconnaissance et, après quelques réflexions, Solal accepte de vendre ses œuvres à Olympe et de signer un contrat. Simultanément à sa rencontre avec Solal, Olympe se rend compte qu'elle est troublée par Paul, le scientifique et que ce trouble ressemble bien à de l'amour. Après une enfance et une adolescence difficile, elle avait pourtant décider de bannir ce sentiment et de vivre en toute liberté et légèreté. Ces deux hommes vont bouleverser ses idées et sa vision de l'existence.
Les références en quatrième de couverture à Dom Juan et Aux liaisons dangereuses, deux classiques que j'aime beaucoup, m'ont convaincue de lire ce roman. Comme Dom Juan, Olympe a besoin de posséder ce qu'elle désire, que ce soit les humains comme les oeuvres d'art, mais ses raisons ne sont jamais ambiguës et elle ne se sert pas des relations sexuelles pour manipuler les hommes comme le fait la marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses.
J'ai apprécié l'originalité du roman: je n'ai pas l'habitude de lire des romans de ce genre. Je trouve que Murielle Magellan ne porte pas de regard critique sur les personnages: elle s'en distance et nous l'imitons. Olympe, Solal ou Paul sont parfois agaçants mais nous n'avons pas envie de porter un regard moralisateur sur leurs choix.
J'ai particulièrement aimé les regards opposés de Solal et d'Olympe sur l'art et la critique du monde des galeries parisiennes. Les personnages avec leurs pensées arrêtées qu'ils ne cessent de contredire nous permettent de nous interroger sur l'amour, les relations de couple, l'art, l'économie de l'art et la vieillesse. Khalia est particulièrement attachante. La fin du roman est très réussie et surprenante.
Je remercie vivement Adeline pour s'être intéressée au blog et pour nos échanges ainsi que les éditions Julliard pour leur confiance.
Fanny
3 commentaires
J'ai découvert hier, qu'on me l'avait aussi proposé mais je ne suis pas tentée. Je ne suis pas particulièrement attiré.
J'attendais ton avis avec impatience et même si je dois avouer que la couverture n'est pas attirante..je suis séduite par ton avis ;)
Nous avons toutes été séduites et intriguée :) Un petit ovni !
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